N°13 / Miscellanées vol. 1

La cyberpeau du porno

Philippe Joron

Résumé

L’ère du Net a ouvert de nouvelles possibilités aux formes sociales, l’une d’elles, la pornographie, en a tout particulièrement profité. S’émancipant de ses anciens codes et supports le porno a gagné en visibilité, incontestablement à portée de main, d’œil ou de tout autre sens. Si sa dimension taboue reste présente, la pornographie croît inexorablement au creux de nos apparences et de notre intimité. Cette hétaïre contemporaine demande sacrifices et offrandes à la hauteur de nos désirs encore et toujours inassouvis.

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Par Philippe Joron, Sociologue, Professeur à l’université Paul-Valéry Montpellier 3, Directeur du LEIRIS.

S’ils sont devenus accessibles au plus grand nombre et surtout avouables dans leur exploration, les univers de la pornographie n’en restent pas moins marqués du sceau de la confidentialité lorsqu’il s’agit de questionner leurs fonctions ou leurs servitudes sociales. Paradoxalement, il semble en effet plus aisé de reconnaître l'intérêt personnel que chacun peut tirer du visionnage de scènes pornographiques que d'interroger le rapport que nous entretenons socialement avec le sexe en images, avec l'impudeur de ses évocations.

Dès lors qu'il échappe à la sphère de l'intimité, le sexe devient nécessairement monstrueux, difforme, obscène dans ses épanchements centrifuges. Au contact du social et de ses lignes de conduite morale, il est jugé obscène sous prétexte qu'il se donne à voir ; il est considéré comme difforme parce qu'en se soustrayant à la seule finalité de reproduction il fraye avec la contamination du désir et du plaisir ; il est surtout synonyme de monstruosité lorsqu'il n'est plus ce que l'on voudrait qu'il soit par conventions, lorsqu'il sort des sentiers battus et qu'il se singularise, lorsqu'enfin il devient ce qu'il est, reprenant ici une aporie nietzschéenne qui sert également de matière à penser pour une exaltation militaire contemporaine en quête de nouvelles recrues : dans le dépassement, « devenez vous-mêmes »[1]. Une telle analogie militaire n'est pas gratuite. Comme en toute affaire relevant de la polémologie, le sexe impose le débat parce qu'il est surtout et encore la mise en évidence d'un combat à mener, avec les autres, avec soi-même, avec la vie et le sentiment de finitude qu'elle inspire.  

Sans doute n'est-il pas aussi simple que cela semble l'être au prime abord de porter un regard dépourvu d'intentions inquisitoriales sur une époque, sur une ambiance sociale dans laquelle le processus de libéralisation des mœurs au siècle dernier, en paroles et en pratiques, a largement innervé notre appréhension actuelle de la sexualité jusque dans ses ramifications les plus obscènes. Dans L'Érotisme, Georges Bataille a bien montré que tout processus de déchaînement ou de désenclavement, puisqu'il induit logiquement un rapport aux valeurs dont ne saurait être exempt le décorticage social de la sexualité, a toujours un double effet sur notre environnement social et naturel : « toute libération affecte également le Bien et le Mal. Elle libère les mœurs et les esprits, mais elle délivre aussi les crimes et les catastrophes. La libération du droit et du plaisir entraîne inéluctablement celle du crime (cela, Sade l'avait bien compris et on ne lui a jamais pardonné) »[2]. J'ai pu indiquer ailleurs[3] que l'érotisme, quand bien même celui des cœurs, nécessairement confronté aux exactions d'une moralité qui dit encore et toujours sa suprématie sur toute chose, consacre avec Georges Bataille une souveraineté qui ne s'encombre point de limites pour faire éclore une communication véritable, sans compromis aucun, entre des êtres dont la tourmente des chairs en émoi annihile temporairement la bienséance. Cet érotisme-là, selon les diverses factures que lui reconnaissait l'hétérologien au milieu du XXe siècle, prend désormais toute sa part dans l'altérité électronique qui fait et défait aujourd'hui nos accroches respectives sur le Net.

Pointer du doigt une société qui dit le sexe, qui revendique désormais l'échange de paroles sur la sexualité, c'est aussi courir le risque de repérer et donc d'identifier des comportements, des pratiques et des imaginaires sociaux travaillant sans relâche à l'exhumation d'un érotisme protéiforme qui s’exhibe à vau-l'eau et qui n'a de cesse de montrer un voyeurisme à focale multiple. Ce que l'on peut aisément deviner dans le cadre d'une intimité qui semble ne pas porter à conséquence lorsque consentement et respect sont de mise, renvoie pourtant à un esprit du temps qui met en ligne notre altérité sexuelle dans des récits et des images liminaires qui nous connectent les uns aux autres. La cyberculture anticipe et alimente désormais l'extension de nos appétences sexuelles. Dans sa Joie Tragique, Vincenzo Susca fait remarquer à juste titre que :

« si les médias électroniques sont la peau de la culture, c'est de ceux-ci que bondissent, comme des substances proliférantes, des amoncellements charnels, des circulations d'humeurs, des contaminations entre corps dont Youporn n'est qu'une marque paroxystique, à savoir l'allégorie de la confusion orgiastique entre chair et pixels, de la danse extatique qui meut la socialité contemporaine »[4].

Comme bien d'autres en l'espèce mais selon un registre d'emploi qui lui est propre, la plateforme Youporn rend compte en effet d'une praticité de l'érotisme qui comble à sa manière les béances d'une jouissance à l'instant, sans préliminaire ni artifice à même d'encombrer les nécessités du moment.

CE QUE PORNO VEUT DIRE

J’évoquais plus haut les univers de la pornographie contemporaine, sans encore les identifier précisément et donc les distinguer les uns par rapport aux autres. Par définition, la pornographie renvoie à la visualisation du sexe, à l'évocation explicite d'une partie corporelle ou d'un contexte érotique suscitant le désir, et donc à la mise en partage iconographique de situations, d'ambiances, de pratiques dans lesquelles le coït sudatoire se met en scène entre préliminaires et conclusions plus ou moins hâtives. Activité charnelle s’il en est dans les commotions du plaisir auxquelles elle donne accès, elle n’en demeure pas moins activateur symbolique du renflouage permanent de notre altérité. Appliqué ici à l'érotisme et à l’obscénité dont s'abreuve nécessairement la pornographie, l'avertissement de Jean Baudrillard en matière d'altérité est encore et toujours de bonne augure : « si l'individu ne se confronte plus à l'autre, c'est avec lui-même qu'il s'affronte[5] . » Au-delà de son allusion sexuelle qui pourrait prêter à sourire, cette assertion indique bien la configuration anthropologique des rapports que nous entretenons avec la pornographie, en considérant la mise en écran du sexe comme une mise à l'épreuve du corps en désir d'expression.

Du point de vue de son appréhension normative ou subversive par l’art et la littérature, mais encore par la religion, l'économique et le politique, l’iconographie sexuelle est passée par diverses phases de dilatation et de rétractation au contact de nos fantasmes en quête d'expériences : parfois rude et rugueuse dans ses évocations rupestres[6], souvent incisive dans ses inscriptions gréco-latines[7], toujours suggestive dans ses transcriptions judéo-chrétiennes, assurément technique, artistique et philosophique dans ses libations orientales. Plus près de nous, la psychanalyse, les études ethnologiques et sociologiques, les utopies sociétaires ou encore les mouvements d’opinion, dans l'accompagnement des techniques de production et de diffusion toujours plus élaborées, ont aussi fortement contribué à l’expansion de son imagerie, à grands coups de déchaînement et de contamination émancipatrice : disséquer l’esprit pour le libérer, ouvrir la sexualité pour lui concéder quelques échappatoires, montrer et partager collectivement ce qui est de l'ordre du caché et de l'intime, comme pour nous décharger de leurs oppressions passées ou de leurs contusions présentes. Exercer sa sexualité d'abord, y faire allusion ensuite, puis la représenter, lui donner corps enfin dans des contrées autres que celles des pratiques conventionnelles la comprimant, voilà une gageure qui restait jusqu’alors confinée au seul luxe de l’intimité, dans les couches d’un plaisir avortant ses propres impudeurs en état de réprobation.

Le dévoilement du sexe, le dépliage des limbes de la sexualité, la transfiguration du corps en chair opératoire (opérable et opérante en termes de désir et de plaisir), tout cela renvoie à des pratiques socialement partagées, apparemment assumées voire revendiquées haut et fort, qui n'en cachent pas moins quelques paradoxes avec lesquels nous continuons à nous débattre dans le faux-semblant de nos certitudes. L'intimité d'une relation durable entre deux êtres est-elle davantage propice à l'épanchement, à la découverte, au débridement, ou impose-t-elle au contraire de la retenue dans l'exercice des ébats ? L’hyper-connaissance de l’autre peut parfois conduire au retrait et à la désaffection. A l’inverse, pour peu que la situation s’y prête, une rencontre à la sauvette pourra déboucher sur des plaisirs insoupçonnables que chacun des amants inscrira au cœur de sa mémoire corporelle dans l’espoir de les revivre un jour. En la matière, rien n’est jamais joué d’avance.

Selon le même ordre d’idées, le fait de dire et de montrer collectivement les attributs du sexe dans une débauche presque blasée et normalisée de signes explicites, cela signifie-t-il nécessairement une totale aisance dans l'échange interpersonnel de leur évocation ? De fait, pour faire bonne figure, ou ne pas risquer le déphasage, ou encore jouer le jeu de la séduction partagée, nous faisons mine de soutenir une entière décontraction à leur approche tout en élevant quelques cloisons étanches quand il s'agit de mettre la main à l'ouvrage, par peur sans doute de s'y brûler les doigts ou d'y laisser une phalange.

LA PORNOGRAPHIE PROSTITUANTE

On voit bien que l'appréhension sociale de la sexualité, même si elle semble consacrée dans des paroles et des images qui la rende de plus en plus ordinaire et décomplexée, instruit néanmoins à son évocation des zones de turbulences sur le plan des relations interpersonnelles. Nous baignons en effet dans un mouvement sociétal qui en appelle au sexe, qui le met en images et en paroles, qui s'en sert comme porte-drapeau de la liberté d'expression et d'échange, mais qui exerce cependant de fortes contraintes morales lorsque ces questions imprègnent l'univers des relations interindividuelles. Les rapports, consentis ou forcés, que nous entretenons avec la pornographie sont sans doute une bonne illustration de cette difficulté dans laquelle nous sommes placés pour tenter de résoudre au mieux un tel paradoxe. Cette difficulté, qu'en son temps l'utopie sociétaire fouriériste[8] avait tenté de réduire à petits feux, s'exprime en effet pleinement dans le statut social que nous accordons à la pornographie contemporaine.

L'élaboration de cette dernière, ses objets d'application, sa marchandisation et ses opérateurs (producteur(trice)s, réalisateur(trice)s, acteur(trice)s, amateur(trice)s, consommateur(trice)s, sociétés de service et de merchandising, etc.) lui valurent d’être systématiquement assimilée à la prostitution, sans autre forme de procès. Si cet amalgame était en grande partie desservi par une pénalisation de ces deux espèces d’activité portant atteinte aux mœurs, il n’en était pas moins relativisé sur le plan des intentions prêtées à l’une et à l’autre du point de vue des consommateurs en embuscade : pratique de l’encanaillement et de l’extraversion sexuelle en ce qui concerne la consommation de la prostitution, exercice de la perversion, du plaisir caché et de l’onanisme dans le cas de celle de la pornographie. Outre l’atteinte aux mœurs et les désordres divers qui leur sont imputables, la prostitution et la pornographie génèrent ensemble quelques accointances des plus tenaces dans leurs rapports à l’argent, à l’exploitation humaine, aux divers réseaux qui organisent les filières. Mais parce que rien n'est aussi simple ou manichéen dans la vie, une telle évidence ne saurait pour autant occulter un point de contact similaire entre prostitution et institution du mariage pour lesquelles l'exercice du pouvoir, la quête de l'argent, la conquête ou le maintien d'une situation sociale introduisent des rapports de vassalité entre hommes et femmes au détriment de ces dernières. Simone de Beauvoir notait déjà au milieu du XXe siècle quelques modifications dans cette forme d'asservissement par le mariage, rendant ainsi la femme moderne moins sujette à la dévalorisation de son image. Une femme, de plus en plus indépendante économiquement, qui surcharge sa fonction reproductrice d'un rôle producteur dont la reconnaissance était jusqu'alors dévolue aux seuls mâles.

Pour autant, aussi bien pour la prostituée que pour la femme mariée, « l'acte sexuel est un service ; la seconde est engagée à vie par un seul homme ; la première a plusieurs clients qui la paient à la pièce. Celle-là est protégée par un mâle contre tous les autres, celle-ci est défendue par tous contre l'exclusive tyrannie de chacun »[9]. Si donc l'assimilation du mariage à la prostitution est avérée, discutable, questionnée sans autre parti pris que celui de la respectabilité de ces femmes qui font commerce de leur disponibilité corporelle, celle de la pornographie à cette même prostitution doit être comprise avec un semblable discernement, sans l'ombre d'un dénigrement facile en ce qui concerne ces deux types d'activité.

Toujours dans Le deuxième sexe, Simone de Beauvoir établit une distinction entre la basse prostituée et la noble hétaïre, éclairage qui peut nous aider à mieux comprendre les enjeux de la pornographie contemporaine : « la différence essentielle, c'est que la première fait commerce de sa pure généralité, si bien que la concurrence la maintient à un niveau de vie misérable, tandis que la seconde s'efforce de se faire reconnaître dans sa singularité »[10]. L'hétaïre, c'est la courtisane, la demi-mondaine, la chanteuse, la danseuse, l'actrice, la cocotte, celle pour qui « l'homme aura proclamé son prix aux yeux du monde »[11] et dont le maintien de sa haute estime est corollaire à la ruine qu'elle occasionne. L'hétaïre, c'est la galante qui à l'inverse de la Marie-couche-toi-là impose le choix des draps, le jour et l'heure de leurs froissements et surtout le roitelet qui contribuera à les défaire en y déposant cadeaux d'estime et moyens d'entretien sonnants et trébuchants. Cette parfumée, cette capricieuse, cette scandaleuse admirable sévît telle quelle tout au long du XVIIIe et du XIXe siècles, jusqu'à la Belle Époque, avant que le cinéma ne la transforme en star livrant « la Femme aux rêves des hommes qui lui donnent en échange fortune et gloire »[12]. On le voit bien, Simone de Beauvoir n'y va pas par quatre chemins ni ne mâche ses mots lorsqu'il s'agit d'interpeler notre conscience sur le commerce du corps des femmes, avec cependant un soupçon d'admiration pour celles d'entre elles qui en font la garantie de leur propre liberté. Plus singulier que celui de prostituée, le terme d'hétaïre désigne pour elle « toutes les femmes qui traitent, non leur corps seulement, mais leur personne entière comme un capital à exploiter »[13]. Qu'elle soit starlette ou bimbo, call-girl ou accompagnatrice, artiste de sa vie ou succédanée de celle de toutes ces Madonna-sans-culotte, Britney-Spears-la-pucelle, Paris-Hilton-l'héritière, Victoria-Silvstedt-la-roue-de-la-fortune ou encore Lady-Gaga-la-paillette qui investissent nos écrans sous les ors du showbizz, l'hétaïre revendique le talent de plaire et d'être assurément, aux détriments de ses concurrentes se perdant en surenchères, l’égérie fantasmatique du désir des hommes qui la rétribuent pour partie en admiration inconditionnelle sur l'instant mais cependant versatile en fonction de l'intensité des feux de la rampe.

Si l'on veut bien se conformer à l'idée que la pornographie partage quelques zones d'occupation avec la prostitution, il faudra alors lui concéder toute la symbolique de l'hétaïre telle qu'elle vient d'être définie ici. Cette concession est d'autant plus incontournable que la pornographie contemporaine a naturellement conquit ses terrains de prédilection sur Internet, au vu et au su de tout le monde alors que, conformément à la figure de l'hétaïre dont il vient d'être question, chacun de ses sites d'élection redouble d'efforts pour se singulariser, capter les goûts hétéroclites du chaland, proposer une offre de thématiques toujours plus audacieuses, des plus conventionnelles aux plus inattendues. Achat en ligne de vidéos, téléchargements gratuits, galeries de photos, chat hotline, forums d'échange, propositions de rencontre, gadgets, lingeries, produits aphrodisiaques, etc., l'ensemble de ces services à la carte permet aux utilisateurs de composer selon l'humeur du moment un désir et un plaisir d'opportunité, dans une mosaïque de propositions qui valorisent la découverte de leurs propres inclinations érotiques.

Mais ce qui permet surtout d'assimiler la pornographie à la symbolique de l'hétaïre, tout en la déroutant des seules conventions de la prostitution, c'est le fait que celles et ceux qui se mettent en images dans des postures et des situations jugées obscènes se donnent en offrandes au désir de chacun tout en limitant leurs pratiques effectives à leurs seuls partenaires d'exhibition. Comme je l'ai indiqué ailleurs à propos du sacrifice[14], ce qui est également en jeu ici relève de trois principes d'altération axés sur la substitution, la procuration et l'assimilation qui fondent pour partie l'utilité et la servitude sociales de la pornographie. Si comme le soutient à juste titre Simone de Beauvoir « la prostituée est un bouc émissaire » parce que « l'homme se délivre sur elle de sa turpitude et il la renie »[15], la pornographiée est quant à elle une hétaïre qui se livre aux turpitudes de tous, une intouchable qui joue la renégate devant la mécréance assumée ou duplice de ceux qui la désirent à l'instant.  

LA PORNOGRAPHIE COMME FORME DE LIBATION ARTISTIQUE

Avant la montée en puissance d’Internet à la fin du siècle dernier, l’accès à la pornographie était relativement rudimentaire dans l’éventail de ses supports de divulgation, peu accessible au plus grand nombre en terme de bien consommable, mais sujet cependant au recyclage d'usage et au repassage confraternel et intergénérationnel. En la matière, l'échange était de mise, voire l'emprunt en cachette. La pornographie se limitait en effet aux revues spécialisées et aux films du genre, lesquels étaient distribués, diffusés, consultables sur le mode de la confidentialité, sous le manteau d’abord, dans les échoppes à sexe ensuite, dans les vidéoclubs, les maisons de la presse et les kiosques à journaux enfin. L'exercice de l'art et son appréciation pouvaient aussi servir de prétexte à la détention de croquis, peintures ou photographies représentant la volupté des corps distribués en poses lascives, libérés de leurs astreintes vestimentaires et de leur bienséance comportementale.

Comme le signifiait encore Simone de Beauvoir à propos de ces jeux interdits que partagent parfois prostitution et art, il existe une pornographie de bon aloi, celle que l'on associe communément à l'érotisme, qui remplit les yeux, desserre à l'occasion le cordon des bourses animales, sans pour autant écorner la bonne tenue morale de ceux qui l'érigent en genre artistique : « "Le nu est chaste", affirment les vieux messieurs qui, sous le nom de "nus artistiques", collectionnent des photos obscènes[16] ». Ces temps-là sont révolus, non qu'il n'y ait plus de vieux messieurs s'essayant à l'étayage de leurs propres ardeurs supposément bancales, mais parce que toutes générations confondues, dans des proportions entre hommes et femmes qui étonnent les idées préconçues, nous consommons tout autant que nous produisons des situations pornographiques, ou jugées comme telles, qui contribuent à leur manière au soutien de notre vie quotidienne. En la matière, nous pouvons toujours essayer d'établir une distinction sécuritaire entre le beau et le laid, l'esthétique et l’obscène, la culture et la nature, l'humain et l'animal, renvoyant chacune de ces antinomies dans des contrées étanches de nos facultés de jugement, rien ne pourra cependant empêcher leurs accouplements ou leurs circulations dans les brèches de nos barrières morales qui nous les font accepter l'une pour l'autre. Le corps, qu'il soit esthétisé ou non, est toujours suggestion d'un érotisme en appel qui ne demande qu'à s'abandonner aux secousses d'une animalité en éveil. Georges Bataille énonçait cette règle de la manière suivante : « la beauté de la femme désirable annonce ses parties honteuses : justement ses parties pileuses, ses parties animales[17] ». Même annonciation pour l'homme, semblable déduction encore pour ce qui concerne l'absence (culturelle, modale, occasionnelle) de pilosité dénonçant cependant des zones d'occupation originelles.

Il y aurait ainsi une esthétique du porno qui renvoie non seulement à son appréciation comme thème et forme d'art, mais encore à sa mise en partage, pouvant générer du même coup des situations pornographiques chez les récepteurs stimulés par les ébats de l'œuvre. Si par avant j'ai évoqué le rapport qu'établissait Simone de Beauvoir entre prostitution et mariage, réel, concevable mais difficilement acceptable, c'est aussi pour ne pas passer sous silence le lien qui unit la pornographie aux sages conventions de la vie en couple. Sur ce registre, l'enquête menée par l'IFOP entre le 30 juin et le 2 juillet 2009 concernant les comportements et les pratiques des Français à l'égard des films pornographiques[18], force l'intérêt à plus d'un titre. Ce sondage intitulé « Sexe, Média et Société », réalisé auprès de 1016 individus de 18 ans et plus, interroge tout d'abord, par son existence commandée, le désœuvrement des études sociologiques à propos de cette thématique. Il existe bien-sûr à disposition des données concernant les Français et leur sexualité, mais bien peu d'entre elles mettent en évidence l'utilisation de supports pornographiques dans l'exploration de ces mêmes pratiques sexuelles. Évidemment, un telle enquête pourrait prêter à caution, sachant qu'elle a été commanditée par le groupe Marc Dorcel à l'occasion du trentième anniversaire de ses productions vidéos : elle est non seulement une photographie utile au positionnement du donneur d'ordre sur le marché pluriel et fortement concurrentiel de la pornographie contemporaine mais elle est encore un vecteur publicitaire non négligeable pour des produits qui se veulent « haut de gamme » et innovants, aptes à renouveler le genre en fonction des attentes des divers publics sondés[19]

Ces circonstances d'étude mises à part, l'intérêt de ladite enquête porte essentiellement sur les rapports qu'entretiennent les Français avec les films pornographiques, sur leur accès et leur utilisation en tant que stimulants et agents d'ambiance au regard de pratiques disposées à la virtualité d'une altérité érotique, sur les publics qui les intègrent désormais dans l'entretien de leur intimité sexuelle, qu'elle soit solitaire ou partagée. Elle montre ainsi la consécration du Web comme principal moyen d'accès à ces films, devant Canal Plus et les DVD achetés ou empruntés. Ce sondage indique également que si le cœur de cible du marché reste le public masculin, plus de huit femmes sur dix reconnaissent en avoir déjà vu un, dans son intégralité ou à partir d'extraits, alors qu'elles sont deux sur trois à pouvoir envisager le visionnage d'un film X avec leur partenaire, et qu'une sur cinq consentirait à filmer ses propres ébats sans que cela donne lieu nécessairement à une diffusion ultérieure des images dans un cadre autre que celui des personnes concernées.

En somme, un certain nombre de lieux communs et d'idées préconçues s'effondrent, aussi bien pour ce qui relève de la pratique sociale de la pornographie d'une façon générale, qu'en ce qui concerne son utilisation solitaire ou en couple et sa répartition en fonction des deux sexes : « le visionnage des films X n'est plus une expérience honteuse et solitaire mais une affaire de couple », telle est l'une des principales conclusions sur laquelle s'accordent les concepteurs de l'enquête. Le fait que les femmes soient davantage impliquées qu'on ne le pensait dans le visionnage des films X, qu'elles l'intègrent volontiers dans l'intimité de leur vie de couple, qu'elles soient favorables à une production pornographique à l'esthétique et aux scénarios plus élaborés qu'ils ne l'étaient jusqu'alors, tout cela renforce le positionnement du donneur d'ordre sur le créneau du Pornochic dont il se veut la figure de proue. La consécration esthétique de la pornographie serait ainsi garante de sa plus large acceptation sociale. On pourra bien sûr arguer une manipulation à peine voilée dans ce genre d'argumentaire qui attribue une telle acceptation au supposé éveil désaliénant de la gente féminine au sujet de telles pratiques. Un autre raisonnement, jugé tout autant fallacieux, pourrait être également dénoncé au prétexte qu'il assimile le Pornobrut et la bestialité aux hommes, le Pornochic et le raffinement esthétique aux femmes. Pour autant, cette étude à l'avantage de faire état de « choses dites » qui, à l'instar des prétentions bourdivines[20] quant à un certain structuralisme constructiviste, bousculent les automatismes dichotomiques de la pensée.

En revanche, ce que cette enquête n'aborde pas, ou seulement par la bande lorsqu'elle évoque la dématérialisation des films X, ce sont les liens qu'entretiennent les Français avec les univers internétiques de la pornographie. Or ces liens ne se tissent plus exclusivement dans les registres spatiaux et temporaux de l'intimité individuelle, c'est-à-dire selon des plages de temps et des circonstances de lieu propices à l'exploration et à la mise à nu de soi dans le saisissement médiatisé des corps en offerte. La tranquillité du nid, de la chambre ou des lieux d'aisance n'est plus exclusive, comme ne saurait l'être encore une unique contextualisation appropriée à la consommation pornographique. Qui saurait dire avec exactitude (sachant avec Jean Baudrillard que « seul est exact ce qui s'approche de la vérité sans y prétendre »[21]) que le visionnage de scènes pornographiques, esthétiques et/ou graveleuses à souhait, se pratique dans de seuls lieux et moments d'intimité délimités par convention du vivre-ensemble ? Chez soi ? En solitaire ? À l'extinction des feux ? Qui pourrait affirmer sans fêlure dans la conviction que la pornographie n'est jamais sollicitée en plein jour, au vu et au su de celles et ceux qui partagent nos occupations journalières et/ou nos confidences, au dehors du domicile, aux horaires et lieux de travail, dans le cadre des loisirs ? Hier la presse écrite servait d'habillage et donc de couverture aux revues pornographiques dans l'achat, le transport et la consultation, aujourd'hui ce sont les tablettes numériques qui servent désormais de fourre-tout au désir de chair virtuelle. Si l'informatique a changé la donne, que dire alors du nomadisme électronique sinon qu'il a révolutionné notre appréhension de l'altérité, du contact avec l'autre, de la jauge de soi-même, ce dont l'accès à la pornographie rend compte de façon paroxystique.

TACTILITÉ VIRTUELLE ET PORNODÉMATÉRIALISATION

Avec le pornonet, la pornoculture, le cybersexe, bref le sexe en état de turgescence médiatique et communicationnelle, nous vivons de manière frontale les marges centrales d’une existence ténue en butte avec une altérité qui ne cesse d’en dénoncer le minimalisme d'emploi. On reproche parfois à la cyberculture son abyme, sa perte de sens par excès, laissant deviner chez les utilisateurs une supposée existence en abstinence et en défaut. L'œuvre de Jean Baudrillard n'eut d'ailleurs de cesse d'en souligner tout le fatalisme : « au-delà du sens, il y a la fascination, qui résulte de la neutralisation et de l'implosion du sens. Au-delà de l'horizon du social, il y a les masses, qui résultent de la neutralisation et de l'implosion du social »[22]. Hypercommunication, transparence du sens, difformités de l'altérité, transmutation du social en masses dilatées sur la toile des réseaux électroniques.

Mais être sur le net ne signifie en rien ne pas être dans la vie. La virtualité n'abime pas nécessairement les affects, elle peut même les sublimer là où pourrait les dissoudre la matérialité des rapports humains. De la même manière, être porno-connecté n'ouvre aucunement sur une désertification des relations sexuelles et affectives auxquelles chacun aspire. Tout au plus peut-on y voir l'expression d'une existence « en jachère »[23] dont la sexualité s'éprouve en semailles, floraisons et moissons communicationnelles. Le porno ouvre sur un ailleurs de soi, en provoquant la domiciliation sexuelle des autres. Il est une échappée belle, une sorte de défenestration sexuelle à moindre coût qui invite, pour un temps, au dégorgeage de ses propres humeurs et dans de plus larges proportions au vitalisme social qui le nourrit en retour. On retrouve là ce que Michel Maffesoli comprend comme une fuite érotique, un escapisme par la bande s'appuyant sur divers épanchements du refoulé, une forme de nomadisme sexuel qui contribue à l’étayage social sachant que « par une sorte de ruse anthropologique, le processus centrifuge tend à fortifier le corps social stable »[24]. Pour dématérialisée qu'elle soit, la pornographie électronique n'est rien moins qu'une immersion commune, faite de multiples interconnexions, dans l'humus humain, dans cette part d'animalité qui nous aimante les uns aux autres.

Avec le porno, dans tous les sens du terme, on se fait la belle (au cul aimant), on fait aussi de la retape avec soi-même, on guette ses propres turpitudes sur les chemins du Net. D’un clic à l’autre, nul besoin de changer de trottoir pour soupeser les chairs, tester les performances, évaluer les prestations, sonder les envies. Ce que nous consommons alors en dit long sur ce que nous sommes prêts à dépenser en énergie obscure pour arpenter nos moindres désirs d’accomplissement. Pas seulement ce que nous consommons d'ailleurs, dans la mesure où une autre part de nous-mêmes alimente sites et blogs en tout genre de ses propres productions visuelles, sous le registre certes discutable de l'amateurisme, productions ou mises en exercice du sexe « maison » à l'écran qui montrent bien une pleine adhésion au souci d'exhibition de tout un chacun, l'exception n'infirmant pas la procuration. Pour celles et ceux qui se prêtent à de tels jeux de rôles, il y a alors invention d'une appétence sexuelle placée en découverte de celles pour lesquelles elle s'affiche.

Le porno est à la fois solvant et édulcorant de nos fantasmes : il les nettoie, les dégraisse, les dépoussière, ôte les miasmes d’un en-soi sexuel pour les diluer ensuite dans des pratiques exotiques vécues par procuration. Mais il est sans doute aussi bien davantage que cela. Il est en effet un réservoir de connaissances, d’actes, d’emballements imaginaires et de fictions d’ordre érotique dans lequel nous puisons allègrement pour alimenter nos travers, grâce auquel nous pouvons expérimenter, seul, en couple ou à plusieurs, diverses simulations ou inventions à la rencontre de nos inclinations les plus cachées. Avec le porno tout devient possible, ou presque, dès lors que l’imagination s'agite là où peine encore une technologie servant au corps de prolongement conquérant. Tout devient probable en effet, même l’inimaginable, dans les frondaisons d'une sexualité que nous voulons cependant contenue par instant, ciblée dans une optique de reproduction, afin d'assurer notre continuité dans l'espèce.

Par l'entremise du porno, qui plus est dans sa version électronique, le sexe n'en revient pas de se faire en long et en large, dans des situations ou des positions qui le surprennent encore, dans un détournement des fonctions qui dévergonde le désir, avec des êtres, des objets, des matières qui forcent l'inconcevable. Dans Simulacres et simulation, autre manière de dire l'hyperréalité de notre existence en constat de communication technologique, Jean Baudrillard comprenait la sexualité selon des égards bien différents de ceux au travers desquels nous l'envisageons par habitude, convenance ou facilité d'emploi : « le sexe tel que nous le concevons n'est qu'une définition infime et spécialisée de toutes les pratiques symboliques et sacrificielles auquel un corps peut s'ouvrir, non plus par la nature, mais par l'artifice, par le simulacre, par l'accident. Le sexe n'est que cette raréfaction d'une pulsion appelée désir sur des zones préparées à l'avance[25] ». Cette analyse, adaptée ici aux emballements des imaginaires pornographiques, introduit une démultiplication du rapport au corps sexué dont les fonctions classiques sont mises à l'amende ou en sommeil selon les cas, pour donner cours à d'autres expérimentations, d'autres ébats, d'autres écorchures aussi, quitte à sombrer dans la perte la plus entière qui soit.

C'est justement parce que le porno est tout cela à la fois, qu'il est aussi un objet d’apaisement de soi, tant du corps que de l’esprit, lorsqu’en lui nous trouvons des correspondances, des similitudes avec ce que nous générons secrètement en nous. Images et scènes qui peuvent aussi dépasser notre entendement de la chose et, ce faisant, inaugurer une décomplexion en abîme, lever le voile sur des formes de déculpabilisation aux abois : car d’autres exercent ce que nous ne saurions concevoir et pratiquer sans quelques hauts le cœur ou misères de l’âme. Là encore, Georges Bataille peut être d'un secours appréciable pour qui veut comprendre notre attirance pour un autre nous-mêmes devenu fascinant dans ses états de condamnation : « le désir de l'érotisme est le désir qui triomphe de l'interdit. Il suppose l'opposition de l'homme à lui-même »[26]. Notre intimité rencontre alors celles de nos tiers anonymes, une foultitude d’intimités exhibées, mises à nu, offertes au débordement, avatars sublimés de notre propension à l’expropriation sexuelle de nous-mêmes.

Le clic et le pad remplacent désormais le léchage de doigt et la télécommande pour tourner la page ou effectuer un arrêt sur image d’une pornographie en constante libation. Avec la télévision d'abord, le Web et les écrans tactiles ensuite, et déjà la dématérialisation de ces mêmes écrans, la préhension de la matière pornographique n’exige plus le même doigté que lorsqu'elle était cantonnée au seul support papier, dans une dextérité qui s’invente d’autres épreuves, plus floues, plus versatiles, diversement palpables. Plus éprouvantes aussi, tant l'abondance des images et leur superposition tournent les sens.

Avec les revues porno, la qualité du papier et celle de l'impression participaient à l'ambiance, au regard que l'on portait sur les protagonistes, au sentiment que l'on pouvait avoir de soi-même sur le moment, selon le glaçage ou la rugosité des images visualisées. Avec Internet, ces diverses appréhensions s'appuient sur de nouveaux modes de palpation, alors que le support informatique multiplie à l'infini l'accès aux contenus. Tout en changeant de main à l’occasion, nous restons aux manettes d’une libido qui fleure bon la licence, jusqu’à la perte de contrôle inévitable. En un instant, au hasard des links se superposant, une déculottée à l'écran peut alors nous forcer à un décalottage d’urgence ou à une clitorisation d’exaction, malgré nous, par surprise, à notre insu, alors que le voyeurisme se voulait encore durée. Là encore, pour attendue qu’elle soit, l’issue n’en demeure pas moins indécelable, même si l’on joue à domicile.

La dématérialisation des relations et des réseaux sociaux sur le Net vaut également pour la pornographie qui y gagne ainsi en vélocité et en souplesse d'emploi, sinon en malléabilité dans l'altérité qu'elle met en œuvre. Pour aussi paradoxale qu'elle puisse paraître, cette dématérialisation rend le toucher plus précis dans l'usage des images, tant dans l'exploitation de leur focale que dans les manœuvres employées pour leur défilement. Comme si le grain de la peau virtuelle s'affranchissait du pixel qui lui sert pourtant d'existence à l'écran.

L’hétaïre électronique, qu'elle soit femme ou homme d'apparat charnel, aux charmes perclus de professionnalisme ou confinés à l'amateurisme et à l'artisanat domestique, étale sa plastique, la livre à toute espèce de manipulations visuelles et tactiles, dans des inventions virtuelles qui la dépossèdent de son enveloppe érotique initiale. Sans doute peut-on voir dans cette offrande une signature de sa singularité monstrueuse : être unique par la surcharge de fantasmes collectifs dans laquelle elle se vautre, sans l'astreinte de l'étreinte concrète. C'est là tout l'enjeu de cette cyberpeau du porno, offerte à toutes les palpations et tous les frottements possibles, que de provoquer l'adhérence des désirs solitaires à l'unisson d'une transpiration commune.

BIBLIOGRAPHIE

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SUSCA V., Joie tragique. Les formes élémentaires de la vie électronique, préface de Christian Salmon, traduit de l’italien par Arianna Bruzziches, Paris, CNRS Éditions, 2011.

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—, L’imaginaire radical. Les mondes possibles et l’esprit utopique selon Charles Fourier, Paris, Les Presses du réel, Coll. « L’écart absolu », 2007.


[1] http://www.recrutement.terre.defense.gouv.fr/devenez-vous-meme

[2] BAUDRILLARD J., La Transparence du Mal. Essai sur les phénomènes extrêmes, Paris, Ed. Galilée, 1990, pp. 113-14.

[3] JORON P., « L'amour est sur le pré. Georges Bataille et l'érotisme armé », Les Cahiers européens de l'imaginaire, Paris, CNRS Editions, 2012.

[4] SUSCA V., Joie Tragique. Les formes élémentaires de la vie électronique, Paris, CNRS Editions, p. 205.

[5] BAUDRILLARD J., La Transparence du Mal. Essai sur les phénomènes extrêmes, Op. Cit., p. 127.

[6] Cf. BATAILLE G., « Les larmes d'éros », Œuvres complètes : Tome X, Paris, Ed. Gallimard, 1987.

[7] À l'image par exemple des mosaïques et graffitis retrouvés sur les murs des maisons privées ou des édifices publics de la ville de Pompéi.

[8] Cf. TACUSSEL P., Charles Fourier. Le jeu des passions, Paris, Ed. Desclée de Brouwer, Coll. « Sociologie du quotidien », 2000 ; L’imaginaire radical. Les mondes possibles et l’esprit utopique selon Charles Fourier, Paris, Les presses du réel, Coll. « L’écart absolu », 2007.

[9] BEAUVOIR S. de., Le deuxième sexe. Tome 2 : L'expérience vécue, Paris, Ed. Gallimard, 1949, p. 377.

[10] Idem, p. 389.

[11] Idem, p. 389.

[12] Idem, p. 390.

[13] Idem, p. 391.

[14] JORON P. (Dir.), « La communication sacrificielle », Cahiers de l’IRSA : Violences et communication, Montpellier, Pulm, 2006. pp. 245-264.

[15] BEAUVOIR S. de., Le deuxième sexe. Tome 2 : L'expérience vécue, Op. Cit., p. 376.

[16] Idem, p. 390.

[17] BATAILLE G., « L'Érotisme », Œuvres Complètes : Tome X, Paris, Ed. Gallimard, 1987, pp. 142-143.

[18] http://www.ifop.com/?option=com_publication&type=poll&id=932

[19] Cela montre également que le sociologue, idéologiquement désintéressé par sa supposée neutralité axiologique et matériellement désargenté dans ses hardes universitaires, a presque toujours un temps de retard sur des sujets qui réclament urgence de traitement ou qui sont matière à quelques bénéfices économiques ou politiques. Le temps et l'argent font alors la différence et lorsque c'est le cas, la frustration le gagne parfois. Mais s'il se contente d'une interprétation après-coup portant sur des données dont il n'est pas à l'origine (recueillies par des journalistes et des sondeurs), il lui reste cependant le luxe de dire des tendances à partir de faits qui lui semble opportuns et selon des façons de procéder qui estampillent son expertise.

[20] Cf. BOURDIEU P., Choses dites, Paris, Les Éditions de Minuit, Coll. « Le sens commun », 1987.

[21] BAUDRILLARD J., Simulacres et simulation, Paris, Ed. Galilée, 1981, p. 161.

[22] Idem, p. 128.

[23] KHAN M., Passion, solitude et folie, Paris, Éd. Gallimard, 1985, pp. 219-226.

[24] MAFFESOLI M., Du nomadisme. Vagabondages initiatiques, Paris, Le Livre de Poche, Coll. « Biblio/essais », 1997. p. 121.

[25] BAUDRILLARD J., Simulacres et simulation, Op. Cit. p. 170.

[26] BATAILLE G., « L'Érotisme », Œuvres Complètes : Tome X, Op. Cit, 1987, p. 250.

 

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