Par Florian Lombardo – doctorant au LEIRIS, Luc Bordereau, Camillo Panza et Matéo Safti – étudiants en licence au département de sociologie, UFR 5, université Paul-Valéry Montpellier 3.
Introduction
En décembre 2019, un nouveau coronavirus fait son apparition dans la province de Wuhan en Chine. En quelque mois, il conquiert le monde. Les conséquences sont multiples. D’abord, la pandémie de COVID-19 rappelle à toutes et tous que le les sociétés technologiques, techniques et scientifiques modernes ne sont pas immunisées à la maladie. Ensuite, l’événement se présente comme un fait social total au sens où il mobilise « la totalité de la société et de ses institutions »[1] dans la majorité des pays du globe. Enfin, la pandémie s’accompagne de la déclaration d’un état d’urgence sanitaire. Ce dernier façonne de nouvelles manières d’être à l’autre.
Un modèle épidémiologique de lutte contre la pandémie est publié le 19 mars 2020. Sous l’élégant titre du marteau et de la danse, Thomas Pueyo modélise l’évolution du virus et en arrive à la conclusion que l’alternance harmonieuse de deux concepts est essentielle pour une bonne gestion de la situation[2]. Le marteau fait référence à l’imposition précoce de mesures de distanciations sociales extrêmement fortes, comme un confinement total. Plus le coup de marteau est donné tôt, plus sa durée est courte. Puis vient la danse qui renvoie à la mise en place de mesures de distanciations sociales faibles, comme le port du masque ou l’utilisation de gel hydroalcoolique. L’idée est qu’une danse menée avec tact permet de retarder le prochain coup de marteau. Attention cependant à ne pas trop traîner. Le développement de la maladie étant exponentiel, retarder d’un jour le confinement aujourd’hui revient à doubler le nombre de morts tous les jours, ce peut très rapidement se traduire par une mortalité quotidienne très élevée.
La mise en place de ces mesures par l’état français génère de nombreux effets secondaires indésirables. L’un des plus notables est la dégradation générale de la santé mentale des tranches de la population les plus précaires. Un rapport de l’IFOP commandité par la fondation Jean Jaurès fait état d’une situation particulièrement préoccupante pour les étudiants, les sans-emplois et les artisans-commerçants[3]. À ceci s’ajoute une dégradation générale de la santé mentale des plus jeunes. 43 % des femmes et 40 % des hommes interrogés ayant entre 18 et 25 ans font état de « signes de détresse psychologique »[4]. Cette dernière est accompagnée d’une hausse des pensées suicidaires qui s’incarne parfois par un passage à l’acte[5]. Ces considérations invitent les experts de la santé mentale à considérer le suicide comme « l’autre vague à venir du coronavirus »[6].
Plusieurs études s’intéressent aux conditions de vie des étudiants pendant la crise sanitaire. Alors que les Français découvraient collectivement la vie confinée, les mois de mars, avril et mai 2020 ont été le berceau de nombreuses enquêtes sur la capacité des étudiants à s’adapter aux cours à distance. Les questions de santé mentale étaient alors moins préoccupantes qu’elles le sont un an plus tard. Les injonctions du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation à maintenir une « continuité pédagogique » malgré l’absence complète de préparation à cette dernière et un manque de moyen manifeste invitèrent plusieurs sociologues à s’intéresser aux capacités réelles des étudiants à s’adapter en situation de crise[7]. Sans surprise, la majorité des volontaires rapportent d’importantes difficultés à s’équiper de manière appropriée, difficultés renforcées par la précarité dans laquelle vivent certains étudiants.
Cet élan de recherche est suivi de plusieurs études quantitatives orientées plus spécifiquement sur le bien-être étudiant en cette situation particulière. Les résultats semblent assez clairs. Le niveau de stress des étudiants est élevé[8], il en découle une augmentation spectaculaire des cas de dépression cliniques trois fois plus nombreux et de la prévalence des pensées suicidaires 8 fois plus nombreuses[9] qu’avant l’état d’urgence sanitaire. Cette dégradation des conditions de vie rend les études plus difficiles. Par exemple « la majorité des réponses des étudiants (757, 93,7 %) [d’une étude nigérienne] montre une diminution du temps de lecture pendant le confinement »[10][11]. Il apparaît de manière plus générale que « l’enseignement à distance peut remplacer l’enseignement en classe, mais il ne peut pas remplacer l’expérience et l’apprentissage de la classe et des interactions en face à face qui y ont lieu »[12][13]. La « vie scolaire » manque aux étudiants[14][15]. Plusieurs dispositifs de soutien sont mis en place à plusieurs niveaux : distribution de nourriture, de matériel informatique, renforcement scolaire, etc. La littérature se montre en revanche moins exhaustive en ce qui concerne les démarches compréhensives pour appréhender la question.
Il semble pertinent de proposer une compréhension qualitative du bien-être étudiant dans le cadre d’une crise sanitaire qui n’en finit plus. Comment les étudiants gèrent-ils la solitude ? Le vécu des cours est-il associé aux conditions de vie personnelles ? Quelle est la marge de manœuvre des enseignants ? Dans quelle mesure, ceux qui en ont le besoin se sentent-ils légitimes pour bénéficier des dispositifs d’assistance mis en place ?
Dans le but de répondre à ces interrogations, une étude est réalisée dans le cadre du dispositif de remédiation en sociologie au cours de l’année universitaire 2020-2021. La première partie de ce document présente la méthode d’entretien à réponse libre avec relances thématiques. La deuxième est un compte-rendu des résultats de l’enquête. Il est structuré autour de quatre thématiques qui émergent de l’analyse. Premièrement, la solitude apparaît comme une notion centrale de la vie pendant la crise sanitaire. Plusieurs stratégies sont élaborées, parmi lesquelles la fête qui est abordée dans un deuxième temps. Les pratiques festives impliquent une certaine prise de liberté vis-à-vis des consignes de distanciation. Cette prise de position déviante invite avec de nombreux autres phénomènes la plupart des étudiants interrogés à ressentir une forme d’illégitimité à exprimer une détresse. Elle est abordée dans une troisième sous-partie. Enfin, l’ensemble de la vie des étudiants est rythmée par les enseignements. Le rapport à ces derniers est discuté dans un quatrième temps.
Méthode
La méthode suivie est celle de l’entretien à réponse libre, ou guidée, qui permet à « l’enquêté [de] répondre à sa guise, mais non parler de n’importe quoi »[16]. Après avoir présenté l’enquête aux volontaires, il leur est demandé : « Comment s’est passée votre année ? ». Ils s’expriment librement et l’enquêteur s’assure que plusieurs points thématiques sont abordés, effectuant des relances au besoin. L’enquêteur a la liberté d’explorer avec le volontaire tout élément pertinent de son discours, dotant la démarche d’une dimension anthropologique.
Seize relances thématiques sont organisées en cinq catégories : la vie étudiante, le cadre de vie, les revenus et la vie professionnelle, le temps libre et enfin le bien-être. Chaque thème est accompagné d’une question type qui accompagne l’enquêteur sans pour autant lui imposer sa forme. Les relances sont présentées tableau I p.4.
Les entretiens sont effectués par Luc Borderau, Camillo Panza et Matéo Safti, trois étudiants de première année de licence, sous la responsabilité de Florian Lombardo, doctorant et ATER en sociologie, dans le cadre du dispositif optionnel de remédiation. Le travail de terrain est réalisé du 16 mars 2021 au 20 avril 2021.
La population englobe les étudiants de première, deuxième et troisième année de licence des UFR 1, 2, 3, 4 et 5 de l’université Paul-Valéry — Montpellier 3[17]. Un formulaire est diffusé à plusieurs reprises pendant la période de l’enquête pour recueillir les coordonnées des volontaires ainsi que leur genre, niveau d’étude et UFR d’appartenance. Les entretiens ont lieu à distance par visioconférence ou par téléphone et en présence sur le campus de l’université. Au total, 40 volontaires remplissent le formulaire de recrutement. 28 passent l’entretien, parmi lesquels 3 sont exclus, car ne satisfaisant pas les critères de recrutement. C’est par exemple au milieu de l’entretien avec le volontaire 10 qu’il est s’est révélé être étudiant à l’université de Reims. L’échantillon final compte 25 individus.
Trois critères de représentativité sont choisis pour évaluer la pertinence de l’échantillon. Ils sont recueillis par le formulaire de recrutement. Il s’agit du genre, de l’UFR de rattachement et du niveau d’étude. Ces données sont comparées à celles fournies par l’observatoire de la vie étudiante pour l’année universitaire 2019-2020[18]. La comparaison est effectuée grâce à un test χ² d’ajustement[19].
Les résultats des calculs sont présentés sur les tableaux II p.5 pour le genre, III p.6 pour l’UFR d’appartenance et IV p.6 pour le niveau d’étude. Pour chacune de ces variables, le test χ² d’ajustement permet de conclure avec une marge d’erreur de 5 % à la représentativité de l’échantillon relativement aux données de l’observatoire de la vie étudiante pour l’année 2019-2020.
Il n’est pas possible de conclure à la représentativité ou non du croisement de ces variables (y a-t-il le bon nombre de femmes de l’UFR 3 en L1 ?). D’une part, l’échantillon est trop petit pour que le calcul puisse être effectué sur autant de critères. D’autre part, l’observatoire de la vie étudiant ne met pas à disposition cette information. Il aurait été nécessaire de construire les données en présupposant arbitrairement que les variables sont indépendantes et identiquement distribuées.
Au total, l’enquête comptabilise approximativement 10 heures d’entretiens. En moyenne, ils durent 25 minutes et sont caractérisés par une grande variance. L’écart-type est de 19 minutes. L’entretien le plus court dure 5 minutes, tandis que le plus long s’est a duré 1 heure et 20 minutes. Les informations détaillées concernant la durée des entretiens sont présentées dans le tableau V p. 6.
L’analyse des données est effectuée au travers d’une variante de la méthode ethnosociologique par saturation du modèle théorisée par Daniel Bertaux. Le sociologue avance que l’enjeu de l’enquête est de « construire un modèle de la façon dont les choses se passent » et que ce dernier « ne peut être considéré comme stabilisé que si le chercheur a donné au réel toutes les chances de le déstabiliser »[20]. Là où Bertaux mobilise la démarche dans l’étude des récits de vie, nous l’avons utilisé pour interpréter le discours des volontaires. La démarche est ancrée dans un cadre épistémologique classique en sociologie. Notre posture se rapproche en ceci de celle de Fritz Schütze[21].
Analyse
Dans le respect du règlement général sur la protection des données (RGPD)[22], les informations recueillies sont anonymes et confidentielles. Dans le cadre de l’anonymat, les volontaires sont identifiés par un numéro et les éléments susceptibles d’identifier la personne sont modifiés. Lorsque le genre n’apporte pas d’information particulière au témoignage, il est uniformisé au masculin[23].
En ce qui concerne la confidentialité des données, ni les enregistrements ni leurs retranscriptions ne sont rendus publics. Les citations qui se réfèrent au discours des volontaires sont identifiées par le numéro de ce dernier ainsi que le moment concerné de l’enregistrement en minutes et secondes. Pour s’assurer de la rigueur de notre démarche, nous proposons de mettre à disposition du lecteur, et sur demande de sa part, les passages des entretiens ainsi identifiés[24].
L’analyse des données fait apparaître quatre thématiques : la solitude, la fête, l’illégitimité et le rapport à l’enseignement.
Solitude
La solitude est une notion centrale de l’étude. Tous les volontaires l’ont ressentie sous une forme ou une autre. Elle est altérée par trois phénomènes.
Premièrement, le type de logement influence directement l’état de solitude des volontaires. Un habitat spacieux comme une colocation, une maison de campagne ou certains domiciles familiaux réduit le sentiment de solitude. Ce dernier est à l’inverse augmenté par la surpopulation liée aux regroupements familiaux. Le même constat est dressé en ce qui concerne les logements étroits. Un exemple est donné par le volontaire 8 qui partage un appartement de 14 m² en « murs-papier de cigarette » (v8, 28’05’’) avec son compagnon. D’autres logements sont gérés par le CROUS : les résidences universitaires. Leurs résidents ont une posture très marquée. Pour certains, ces logements sont inadaptés aux études et aggravent la solitude : « On ne sortait pas, on ne voyait personne » (v7, 9’48”). Pour d’autres, ils sont favorables à la vie universitaire, sans pour autant remédier à l’ensemble des inconvénients de la situation sanitaire.
Deuxièmement, les mesures sanitaires d’isolement que sont le couvre-feu et le confinement renforcent la solitude. En témoigne le volontaire 22 qui trouve son logement universitaire agréable, mais subit tout de même la solitude pendant le couvre-feu « Tu rentres chez toi à 18h et t’es seul quoi, alors que tu aimerais sortir, tu aimerais faire des trucs » (v22, 3’01”).
Cependant, avec le temps, le sentiment de solitude a commencé à faiblir pour certains, comme le témoigne le volontaire 26, qui, avec son compagnon, a emménagé à Montpellier en septembre 2020 : « Au premier semestre il y avait des moments où je me sentais assez… assez seul, c’était plus difficile. Après là au premier semestre j’ai enfin connu plus de monde je me suis fait des potes même à Montpellier on connaît mieux on se sent mieux aussi, donc je me sens moins seul » (v26, 6’14”). Le confinement a joué un rôle dans la diminution des liens sociaux, notamment universitaires.
Troisièmement, les relations sont rendues laborieuses par le contexte sanitaire en soi. Il est difficile de faire de nouvelles rencontres. Le volontaire 17 témoigne d’une solitude qu’il qualifie de « psychologique » (v17, 0’45’’). Il est difficile de maintenir des relations existantes, comme en témoigne le volontaire 27 : « À chaque fois, vu que je suis en couple, à chaque fois que j’étais pas avec mon couple puisque j’avais redoublé, donc perdu mes collègues de classe, et que tous les amis que j’avais autrement, notamment par l’associatif […] je les ai tous perdus vu qu’on avait plus […] de raisons notamment dans les associations ou quoi pour se voir vu qu’avec le Covid c’était compliqué, la distance, etc. » (v27, 04’55).
De manière générale, les volontaires qui avaient des relations amicales sur place avant le début de la crise sanitaire se sentent moins seuls. La situation est mitigée pour les étudiants qui se sont fait des amis à la rentrée. Certains d’entre eux ont pu bénéficier d’une protection contre la solitude, comme le volontaire 2, dont les colocataires, lui « ont permis d’avoir des soirées, et ça m’a permis d’oublier un peu, en ce cas momentanément tous les tracas de ma vie » (v2, 26’50’’). Pour d’autres, il a été impossible de conserver ces amitiés, ce qui a eu tendance à aggraver la situation. Enfin, comme en témoigne le volontaire 23, il est difficile de rencontrer de nouvelles personnes : « t’as un cours qui finit à 20h45, couvre-feu à 19h » (v23, 1’05”).
La solitude est ressentie par la majorité des étudiants durant cette année universitaire. Plusieurs stratégies sont mises en place pour y remédier. L’une d’entre elles est de maintenir une vie festive, malgré les restrictions sanitaires.
Fête
Les soirées d’intégration n’ont pas pu avoir lieu pour l’année universitaire 2020-2021. Il en découle un isolement, renforcé par la fermeture des bars et la raréfaction des soirées en appartement. Ces dernières n’ont pas complètement disparu et plusieurs volontaires expliquent timidement comment on fait la fête pendant la pandémie. Ils sont une majorité à témoigner de la possibilité de faire la fête entre amis, malgré les restrictions sanitaires et le risque d’amende.
Les entretiens se déroulent pendant le confinement. La discussion autour de la légalité des pratiques festives reste assez évasive. Certains volontaires affirment faire la fête de manière illégale, sans respecter les heures de couvre-feu. Ils arrivent par exemple plus tard que 19h ou s’émancipent de l’interdiction de se réunir à plus de 6 au même endroit. « Oui oui, à plus de six je fais la fête », annonce le volontaire 18 (v18, 13’02”). Il est rejoint par le volontaire 35 qui décrit sa situation en ces mots : « Occasionnellement… malgré les restrictions… moi je respecte pas les restrictions » (v35, 20’50). Plus directement, l’enquêteur demande au volontaire 26 si les fêtes auxquelles il participe sont légales. « Oui et non », répond-il (v26, 11’ 29”). Aucun volontaire ne rapporte avoir été contrôlé ou avoir dû payer une amende en lien à ses pratiques festives, mais la fête reste moins fréquente qu’auparavant.
La plupart des volontaires, dont le 26, rapportent que la fréquence des soirées a grandement diminué relativement aux années précédentes. Certains passent d’une fréquence de plusieurs soirées par semaine à seulement quelques-unes par mois. Le volontaire 36 présente sa situation. « Oui je fais la fête, moins qu’avant, beaucoup moins… Avant j’avais une tradition, tous les mardis j’avais une grosse fête déjà donc de base ça coupe. J’ai plus les mardis, les bars sont fermés et en plus j’avais le mardi[25] donc cette grosse fête prévue, traditionnelle, en quelque sorte, qui était scénarisée dans ma vie et j’avais d’autres occasions de sortir qu’il y a beaucoup moins c’est sûr » (v36, 06’02’’).
Cette évolution des fonctionnements de la fête s’accompagne de changements en ce qui concerne plus généralement la socialisation étudiante. Le volontaire 17 décrit par exemple la pelouse de l’université qui est en temps normal un lieu important de regroupement, de discussion, de consommation de substances diverses ou encore de pratiques sportives et musicales. « La pelouse en son temps normal… C’est bondé de… Enfin, il y a plein de gens et les gens se parlent entre eux et tout et là du coup t’es pas du tout dans la même ambiance, les gens se parlent pas spécialement » (v17, 3’16”). Cette situation collective a des impacts individuels. Le volontaire 27 s’est habitué à la solitude et a désormais du mal à gérer le contact social : « En vrai, oui, quand je vois des anciens amis ou quoi, oui, théoriquement, mais je m’ennuie vite parce que j’ai plus l’habitude du contact social, et je sais plus trop comment réagir du coup » (v27, 09’34’’).
Plusieurs éléments influencent la possibilité de faire la fête. Le plus remarquable est celui de l’ancienneté sur Montpellier et ses alentours. Les volontaires qui y habitent depuis longtemps ont plus de possibilités de voir des amis contrairement à ceux qui viennent d’y arriver. Ce facteur est en lien avec la solitude abordée dans la première partie. Lors d’une fête, la majorité des volontaires se retrouvent avec le même cercle d’anciens amis qu’ils côtoient depuis plusieurs années. « En fait, enfin, je viens d’un petit village à côté de Montpellier et du coup on est tous partis, et tous les amis que j’avais ils sont tous partis à la ville pour faire leurs études, du coup j’ai retrouvé mes amis d’enfance », témoigne le volontaire 22 (v22, 03’37”). Le contexte sanitaire rend difficile de rencontrer de nouvelles personnes et de maintenir des amitiés naissantes.
Une solution alternative réside dans l’utilisation des réseaux sociaux. Le volontaire 23 a connu la plupart des amis qu’il s’est faits cette année sur la plateforme de communication Discord : « C’est grâce à ça que j’ai pu les rencontrer » (v23, 3’50”). Ce substitut numérique aux formes classiques de socialisation semble être doté d’une certaine efficacité. Il continue son témoignage. « J’étais pas particulièrement isolé, mais c’est vrai que des gens ont plus personne », déclare-t-il (v23, 4’06”). Il soulève ainsi la troisième thématique de l’étude : l’illégitimité. Le volontaire 23, comme de nombreux autres, prend régulièrement l’initiative de modérer sa position, car « des gens ont plus personne ».
Illégitimité
Un sentiment d’illégitimité est observé dans plusieurs témoignages. Reviennent de manière récurrente « la chance » d’être dans de bonnes conditions de vie et d’étude, « le privilège » d’avoir des bourses ou une aide financière de la part de la famille. Ces notions sont régulièrement mobilisées immédiatement après que le volontaire ait exprimé une difficulté. Elles la modèrent et brident en un sens le discours. « J’ai l’impression d’avoir que les cours et de pas trop profiter de ma jeunesse, tu vois, mais bon, c’est le cas de tout le monde, donc je ne vais pas trop râler, mais en vrai, y’a pire que moi, mais vraiment, je n’ai pas trop envie de râler, car il y a nettement pire que moi », rapporte en ce sens le volontaire 6 (v6, 02’12”).
Les volontaires associent leurs ressentis personnels avec l’état supposé de leurs collègues. « Non, c’est pas optimal, mais globalement ça va. Je veux dire, les repas sont pas chers, on est nourris, logés, fin, on a un endroit où dormir, fin tu peux pas te plaindre quoi » explique le volontaire 22 (v22, 02’31’’). Il poursuit : « Globalement je sais qu’il y a des gens qui galèrent plus que moi donc quand j’essaie de relativiser ma situation elle est pas pénible » (v22, 06’38”). Le volontaire estime qu’il ne peut pas se plaindre. Une idée semblable est formulée par le volontaire 2 : « Franchement ça va. Il y a… ça pourrait être pire, mais je me sens pas légitime à dire “non ça va pas”. Ouais, j’ai des baisses de motivation, mais je suis très bien là où je suis » (v2, 45’46”). L’expression d’une détresse est associée à une forme de complainte et cette dernière est perçue comme inadaptée à la situation. Pour ces volontaires, d’autres étudiants méritent plus qu’eux de s’en emparer. Le sentiment d’illégitimité surgit au moment de la relativisation des problèmes. Lorsqu’ils pensent à ce qu’ils ont, plutôt qu’à ce qu’il leur manque, leur regard sur la situation change. Une sorte d’autocensure a lieu.
Une posture opposée apparaît dans le discours du volontaire 40, par ailleurs engagé dans la vie syndicale de l’université. Il est le seul individu de l’échantillon à la défendre et c’est la beauté du qualitatif que d’écouter le quantitativement minoritaire. Il présente son avis en ces mots : « C’est pas parce qu’il y a pire ailleurs que sa condition n’est pas un problème […] c’est pas parce qu’il y a une personne qui est pire que soi qu’il faut arrêter de se plaindre » (v40, 25’29”). Dans cette perspective, chaque cadre de vie peut être amélioré et se résigner à une situation inconfortable est un piège, quelles qu’en soient les raisons.
Le prisme de l’illégitimité est l’occasion de passer en revue plusieurs points associés à la solitude. Vivre dans un logement agréable rend délicat d’exprimer des difficultés financières et inversement. Un dernier phénomène touche l’ensemble de la vie des étudiants et a été profondément altéré par les mesures de lutte contre la pandémie. Il s’agit du rapport à l’enseignement.
Rapport à l’enseignement
Au milieu du premier semestre de l’année universitaire 2020-2021, il est annoncé que la norme de l’enseignement est désormais le distanciel. Cet important changement de la relation aux études implique une modification radicale de la manière dont les cours sont dispensés. Plusieurs phénomènes expliquent l’adaptation des étudiants à ce nouveau modèle et les difficultés qu’ils rencontrent éventuellement.
Suite au passage en distanciel, les cours se sont passés de manières très différentes. Il est possible de constater une grande variation du niveau de satisfaction. Si d’un côté les TD en présentiel sont appréciés par beaucoup de volontaires, le constat est plus mitigé en ce qui concerne les CM. Le volontaire 40 explique : « J’ai aimé les cours qui étaient adaptés à moi, les TD en présentiel. Les CM j’ai pas du tout aimé, en début d’année j’ai bien aimé » (v40, 08’49”). Au début de l’année, les CM sont en présentiel, mais depuis le passage en distanciel, l’avis des volontaires est plutôt négatif. La volontaire 26 témoigne de la facilité avec laquelle il est possible de décrocher pendant le cours : « En cours de route c’est dur, je trouve, de rester attentif… tout seul derrière son écran, mais c’est surtout pour les gros cours » (v26, 03’58”). Il est de manière générale difficile de rester concentré pendant les CM, « quand c’est en amphi, j’ai l’impression de devoir suivre le rythme plutôt que de devoir apprendre », témoigne le volontaire 39 (v39, 8’38’’).
L’alternance entre les TD en présentiel et les CM en distanciel créent aussi des situations délicates auprès des étudiants. Lorsqu’un cours à distance est suivi d’un cours en présence, ou inversement, il est difficile d’effectuer rapidement le déplacement entre chez soi et le campus. Les capacités réduites d’accueil de ce dernier ne permettent pas aux étudiants de participer aux cours à distance depuis l’université. Cette situation diminue la motivation, comme en témoigne la volontaire 20 : « Du coup t’as… t’as à faire les cours chez nous plus les cours à l’université, et ça devient beaucoup parfois, et… du coup c’est compliqué de garder la motivation et le même entrain pour tous les cours » (v20, 02’40”).
S’ajoute un sentiment d’abandon qui est souvent exprimé par les volontaires. Ils trouvent difficile de poursuivre leur parcours universitaire dans le cadre actuel, comme l’annonce la volontaire 22 : « J’ai l’impression qu’on a plus été laissé à l’abandon […] puis c’est dur de… d’être vraiment investi dans un cours quand t’as personne en face » (v22, 00’55”). Le même constat est dressé par le volontaire 28 qui « trouve ça con de laisser les étudiants de leurs côtés alors que bon y’en a qui galère vraiment. » (v28, 03’07’’).
L’élaboration d’un support pédagogique adapté à l’enseignement à distance est délicate. Le volontaire 36 est en première année de licence d’italien en enseignement à distance (EAD). Il considère que c’est l’enseignement à distance qui est laborieux, et que cette difficulté est majorée par la situation sanitaire qui contraint de nombreux cours à se dérouler de la sorte.
Dans le sens où j’ai des cours qui sont pas adaptés, pas uniquement par rapport au covid, ils sont pas adaptés tout court. Y’a pas de pédagogie, ce sont pas des cours même. L’an dernier on m’envoie des pdf pour faire des exercices, ça n’a pas de sens parce qu’il n’y a pas de progression visible du coup il n’y a pas de sens même dans la progression de chaque TD. C’est des petits exercices qui mis bout à bout sont censés faire un TD, mais en réalité y’a pas de…. Je sais pas au bout d’un moment y’a aucun prof qui s’est dit “je vais construire un cours sur un semestre”, non. J’ai l’impression qu’ils le construisent au jour le jour, c’est-à-dire qu’ils envoient des pdfs un peu aux hasards avec des mails écrits en italien et sans aucune.… fin, j’apprends plus l’italien avec mon appli qu’avec mes cours (v36, 00’16’’).
Suivre les cours en distanciel sans décrocher est un défi difficile pour les étudiants. « C’est un peu compliqué de trouver la motivation quoi, quand on est tout seul derrière un écran » (v22 3’09”), déclare la volontaire 20. Au sentiment d’abandon, s’ajoutent la solitude du cadre de vie et la distance sociale imposée par les supports numériques. Ces trois points affectent négativement la motivation des volontaires, et par extension la fréquentation des cours. Un quatrième point aggrave la situation. Pour le volontaire 39, l’enseignement à distance est accompagné d’une augmentation de la charge globale de travail à fournir. Il fait état d’une « accumulation de travail, déjà, d’un coup, qui nous a fait un peu perdre les moyens » (v39, 04’25’’).
Concernant la réception des cours en soi, les étudiants font état d’une situation polarisée. Plusieurs témoignages convergent vers une dénonciation d’un manque d’efforts pédagogiques par certains enseignants qui proposent par exemple aux étudiants un fichier pdf en guise de cours et ne répondent pas aux questions par mail (v18, v28, v31, v34 et v35). Le volontaire 34 considère par exemple que « le prof qui met ses cours en pdf, qui nous annonçait au début qu’il faisait pas cours, ça pour moi c’est scandaleux […]. » (v34, 01’55’’). D’après ces volontaires, l’investissement des enseignants impacte directement et fortement la motivation des étudiants. Ces enseignements sont compliqués à suivre et tendent à être désertés.
À l’inverse, certains enseignants proposent un cours fluide, sans accroche et qui donne envie d’être suivi. Le volontaire 31 exprime l’ambivalence de la situation : « Ça dépend, y’en a oui, ils ont fait leurs cours très bien, ils rendent leurs cours très intéressants. Il y en a d’autres un peu moins… ils sont plus “débrouille-toi j’ai pas que ça à faire !”, alors que nous, on est des L1, on est débutants, on est paumés. On va dire : c’est moyen. C’est 50-50 pour moi » (v31, 02’06’’). Une observation similaire est effectuée par le volontaire 18 : « Y’a des cours où je n’ai pas l’impression d’être en distance tellement c’est fluide et que ça se passe bien et y’a d’autre cours où on a que des pdf et, ou… Pas d’explication, pas de réponse aux questions où c’est beaucoup plus compliqué du coup. » (v18, 00’55”).
Conclusion
Le point central de l’enquête demeure la solitude. Elle se décline sous plusieurs formes et est renforcée par le sentiment d’illégitimité que ressentent la plupart des volontaires à l’exprimer. Le phénomène est résumé en quelques mots : « tu peux pas te plaindre quoi » (v22, 02’31’’).
La vie universitaire occupe une place importante pour les étudiants. Ils sont témoins de comportements très variés de la part des enseignants. Là où certains se présentent comme une aide efficace, d’autres ne font que renforcer le sentiment de distanciation et d’isolement vécu par les volontaires. La forme des cours joue un rôle important. Sont appréciés les temps en présentiel, en hybride et un peu moins les visioconférences, tandis que les enseignements réalisés exclusivement au travers du transfert à sens unique de documents pdf, ou pire, uniquement de bibliographie au début du semestre, sont identifiés par les volontaires comme des facteurs de décrochage importants.
Le professionnalisme des enseignants n’est pas la seule raison à ces comportements variés. Le volontaire 34 rapporte l’exemple d’un cours dont les modalités ont évoluées au cours du semestre. Au début, l’enseignant donne deux heures de cours en visioconférence. Au bout de quelques semaines et las de constater qu’aucun étudiant ne communique ou ne montre son visage, il propose un changement de fonctionnement. Il publie une vidéo d’une heure au début du cours que les étudiants doivent regarder en autonomie puis assure une permanence d’une heure exclusivement dédiée aux questions qui en découlent. Le volontaire rapporte qu’avec ce système, il ne regarde plus les vidéos et participe très rarement aux séances de questions. Cet exemple illustre avant tout que c’est la situation qui est délicate. Plusieurs éléments critiques vis-à-vis des enseignants sont relevés par les étudiants et rapportés par cette étude. Il est important de garder à l’esprit que l’étude porte sur ces derniers et que leur ressenti vis-à-vis de leurs enseignants n’est pas représentatif de l’effort investi par l’ensemble de ces derniers, comme en témoigne l’anecdote du volontaire 34.
Les étudiants font face à la solitude de plusieurs manières. La plus courante est l’insertion dans un « espace-temps festif [qui] met en scène une communauté entière en la confrontant à un ensemble d’aspirations et de craintes fortement universelles »[26]. Cette dernière se fait au détriment du cadre légal de l’état de crise sanitaire et est réservée à ceux qui ont réussi à se constituer un cercle d’amis robuste pendant les 5 premières semaines de la rentrée, avant que le confinement ne soit déclaré. Pour les autres, des stratégies alternatives sont mises en place. Elles reposent principalement sur l’utilisation des réseaux sociaux et plus particulièrement de la plateforme Discord que les étudiants se sont efficacement appropriée.
BIBLIOGRAPHIE
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[1] MAUSS M., « Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques », L’Année sociologique, en ligne, (consulté le 21/04/21), p. 102.
[2] PUEYO T., « Coronavirus: The Hammer and the Dance », 2020, en ligne, (consulté le 6/05/20).
[3] Ifop pour la fondation jean jaurès, Les français et le suicide, IFOP, 2020, en ligne, (consulté le 19/04/21).
[4] COCONEL, Impact sur la santé mentale - Acceptabilité d’un futur vaccin, COronavirus et CONfinement : Enquête Longitudinale (vague 2), 2021, en ligne, (consulté le 19/04/21), p. 3.
[5] MITOYEN J., « Lyon: une étudiante tente de se défenestrer depuis sa résidence universitaire », Lyon, BFM LYON, 2021, en ligne, (consulté le 20/01/21).
[6] DEBOUT M., Ifop pour la fondation jean jaurès, « Suicide : l’autre vague à venir du coronavirus ? », ÉCONOMIE/SOCIAL, 2020, p. 15.
[7] Mercklé P., La continuité pédagogique, vraiment ?, 2020, en ligne, (consulté le 30/03/20) ; Bugeja-bloch F., Oeser A., Frouillou L. et al., Conditions de confinement des étudiants de licence de sociologie de l’Université de Nanterre, Université de Nanterre, Nanterre, 2020, p. 5 ; COUTO M.-P., Hobeïka P., Conditions d’études en période de confinement, Université Paris 8, 2020, en ligne, (consulté le 17/04/20), p. 11 ; MARTIN E., PAYE S., Le travail étudiant en période de confinement, Université de Lorraine, 2020 ; LOMBARDO Fl., « Réplication de l’étude réalisée par Elsa Martin et Simon Paye dans le département de sociologie de l’Université de Lorraine auprès des étudiants en sociologie de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 », non-publié, 2020, p. 40 ; GOLTRANT Y., CHASSAGNE L., THIBAULT A. et al., Analyse des conditions de travail des étudiant.es dans le cadre du confinement, Université Paris-Dauphine, 2020, en ligne, (consulté le 3/04/20), p. 10 ; Lafabrègue Claude, « Enquête sur les conditions d’études à distance des étudiant(e)s au temps du COVID-19 », 2020, p. 21.
[8] sheroun D., wankhar DD., devrani A., « A Study to Assess the Perceived Stress and Coping Strategies among B.Sc. Nursing Students of Selected Colleges in Pune during COVID-19 Pandemic Lockdown », International Journal of Science and Healthcare Research 5, 2020/2, pp. 280‑288 ; FLAUDIAS V., ZERHOUNI O., PEREIRA B. et al., « The Early Impact of the COVID-19 Lockdown on Stress and Addictive Behaviors in an Alcohol-Consuming Student Population in France », Frontiers in Psychiatry 12, 2021, Frontiers, en ligne, (consulté le 21/04/21).
[9] Kaparounaki C. K., PATSALI M. E., MOUSA D.-P. V. et al., « University students’ mental health amidst the COVID-19 quarantine in Greece », Psychiatry Research 290, 2020, pp. 113‑111, p. 1.
[10] « The majority of the students’ responses (757, 93.7%) showed that their reading duration had decreased during the lockdown. »
[11] ISAH A., ALUH D. O., ABBA A. et al., « Impact of the COVID-19 national lockdown on pharmacy students’ productivity and their coping strategies in a developing country: An online survey in Nigerian universities », Pharmacy Education, 2020, pp. 249‑259, p. 249.
[12] « The results also confirm that the students feel that online teaching can supplement classroom teaching but it cannot substitute the experience and learn in the classroom environment and the face to face interactions therein. »
[13] KHATTAR A., JAIN P. R., QUADRI S.M.K., « Effects of the Disastrous Pandemic COVID 19 on Learning Styles, Activities and Mental Health of Young Indian Students - A Machine Learning Approach », in 2020 4th International Conference on Intelligent Computing and Control Systems (ICICCS), présenté au 4th International Conference on Intelligent Computing and Control Systems (ICICCS), 2020, pp. 1190‑1195, p. 4.
[14] « The most missed variable during the closure by students was ‘school life’ (303, 37.5%). »
[15] ISAH A., et al., Op. Cit., p. 249.
[16] GRAWITZ M., Méthodes des sciences sociales, coll. « Précis. Droit public, science politique », Paris, Dalloz, 2001, p. 647.
[17] Les unités de formation et de recherche (UFR) 1, 2, 3, 4 et 5 sont respectivement des facultés de lettres, arts, philosophie et psychanalyse ; de langues et cultures étrangères et régionales ; sciences humaines et sciences de l’environnement ; des sciences sociales, des organisations et des institutions ; et des sciences du sujet et de la société. Sont omis de l’enquête les étudiants de l’UFR 6 et de l’ITIC qui sont particulièrement difficiles à recruter dans la mesure où tous leurs cours se déroulent à distance.
[18] Direction de l’évaluation et de l’aide au pilotage (devap), Observatoire de la vie étudiante (ove), Caractéristiques des étudiants inscrits à l’UPVM3, 2014 à 2019, Université Paul-Valéry Montpellier 3, 2020, en ligne, (consulté le 21/04/21).
[19] La méthode du test χ² d’ajustement consiste à calculer la différence entre deux distributions de la même manière que pour un test χ² d’indépendance, à ceci près que le premier mobilise une seule variable tandis que le second s’appuie sur des tableaux croisés. La différence entre les tableaux, ou χ² empirique, est obtenue en faisant la somme de la différence de chacune des modalités de la variable via :
Le choix d’un seuil d’erreur (traditionnellement 5 %) et l’identification du degré de liberté défini comme le nombre de modalités -1 permettent d’identifier la valeur d’un χ² théorique. La comparaison entre χ² empirique et χ² théorique permet de conclure à la représentativité ou non de l’échantillonnage.
[20] Bertaux D., Le récit de vie: l’enquête et ses méthodes, coll. « 128 Sociologie, Anthropologie », Paris, Colin, 2010, p. 30.
[21] Schütze F., « Biography Analysis on the Empirical Base of Autobiographical Narratives: How to Analyse Autobiographical Narrative Interviews », 2016, voir en ligne et Sozialwissenschaftliche Prozessanalyse: Grundlagen der qualitativen Sozialforschung, Leverkusen, Verlag Barbara Budrich, 2016, en ligne, (consulté le 27/04/21).
[22] CNIL, Le règlement général sur la protection des données (RGPD), 2018, en ligne, (consulté le 21/04/21).
[23] Cette solution est insatisfaisante pour les quatre auteurs de ce document. Elle nous semble mieux que de faire apparaître le genre des volontaires dans le texte. Cela aurait créé une situation où le fait d’être un homme ou une femme aurait pris une importance exagérée, au détriment d’autres variables comme l’âge ou la discipline de rattachement.
Aucun d’entre nous n’a les compétences en écriture inclusive pour la manier avec élégance, et aucun d’entre nous n’a la prestance politique requise pour assumer pleinement les enjeux que son usage implique. C’est donc avec tristesse que nous nous résignons à masculiniser l’ensemble des volontaires qui sont pourtant en majorité des femmes.
Notons aussi que pour cette dernière raison, nous sommes largement tentés de féminiser l’ensemble des volontaires. L’effet nous semble amusant, mais inutilement polémique dans le contexte actuel, d’où notre résignation.
[24] Pour mise en contact avec les auteurs à ce sujet, envoyez un mail à la rédaction rusca.msh@gmail.com.
[25] Les enquêteurs suspectent que le volontaire voulait en fait parler du jeudi. Il mentionne à d’autres moments de l’entretien les soirées étudiantes qu’il organisait le jeudi avec une association.
[26] JORON P., La fête à pleins bords: Bayonne, fêtes de rien, soif d’absolu, Paris, CNRS Éditions, 2012, p. 143.