N°14 / Miscellanées vol. 2

Le cheval médiateur. Une sociologie interspécifique au service de la cohésion sociale

Taciana Pasturel

Résumé

L’Occident a initié, il y a de cela plusieurs siècles, une coupure ontologique étant aujourd’hui à l’origine d’une crise sociétale majeure. Par valorisation d’une logique utilitariste ne considérant que les acteurs sociaux « sains » de corps et d’esprit, la société capitaliste néolibérale marginalise des individus jugés « inaptes » tels que les personnes handicapées et domine d’autres espèces à des fins de rentabilité. Cependant, l’individu post-moderne, en quête de résonance, revendique dorénavant une autre manière de faire société. Cet article revient sur les défaillances de l’esprit moderne afin de mieux appréhender les dangers de la logique cartésienne anthropocentriste et différentialiste, source de domination et de discrimination, et s’intéresse à l’émergence d’un certain attrait pour la reliance. À l’aide d’une enquête concernant le potentiel de formation d’un lien social réenchanté par l’intermédiaire du cheval, partenaire de longue date, nous questionnons la capacité des êtres – humains ou non, en situation de handicap ou non – d’interagir entre eux sur la base d’un processus sensible commun et d’élaborer un contrat social de nature écosophique.

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Par Taciana Pasturel, master « Sociologie, mutations sociales, médias : Imaginaires et Pratiques », université Paul-Valéry Montpellier 3 ; sous la direction d’Hélène Houdayer, PU (LEIRIS).

INTRODUCTION

Ce texte s’attache à étudier une problématique chère à la discipline, à savoir la part de plus en plus importante de l’« anomie »[1] dans nos sociétés occidentales, notion que l’on peut rattacher au « désenchantement du monde » de Max Weber[2]. Nous proposons d’aborder la question de la cohésion sociale au sein des sociétés occidentales, à travers un prisme novateur : celui d’une sociologie interspécifique. En s’appuyant sur les notions d’environnement, de bienveillance, de « relation au monde »[3] ou bien encore de santé ; en usant de référentiels classiques apportés par la sociologie explicative et compréhensive ; en optant pour une analyse de la post-modernité selon l’angle de vue de l’interactionnisme symbolique et de la sociologie de l’imaginaire, ce papier tente de parcourir les ambitions de l’individu en quête de sens, ainsi que les nouveaux défis auxquels se retrouve confronté l’ordre social.

Cet écrit débutera par une analyse de notre temps, soit par une réflexion théorique concernant la destruction du lien social initiée par la modernité. Pour cela nous reviendrons essentiellement sur la critique de l’esprit moderne élaborée par le sociologue Hartmut Rosa dans son ouvrage Accélération : une critique sociale du temps[4]. Puis nous nous intéresserons aux nouvelles aspirations citoyennes du XXIème siècle s’opposant à ce phénomène-ci. Nous étudierons ainsi l’attrait contemporain pour la « résonance »[5] et la « reliance »[6], concepts replaçant l’homme au sein de son environnement naturel. Ceci nous permettra de réaliser une exploration critique de la pensée moderne essentialiste scindant les individus tant dans leur nature que dans leurs rapports et aboutissant ainsi à un anthropocentrisme hiérarchisant les êtres vivants autant qu’à un différentialisme typifiant les acteurs humains.

Cette mise en perspective de notre manière d’appréhender, d’habiter le monde nous permettra de présenter les résultats d’une étude concernant les relations inter-espèces et le potentiel de reformation d’un lien social réenchanté par l’intermédiaire du « cheval-personne »[7]. Nous nous intéresserons à la capacité de chaque individu, humain et non-humain, en situation de handicap ou non, d’interagir avec autrui sur la base d’un processus sensible commun. De ce fait, nous envisagerons notre entrée dans la post-modernité comme une initiative collective semi-consciente visant à dessiner une nouvelle manière de penser la société, comme l’élaboration d’une cohésion sociale élargie à des « espèces compagnes »[8] de l’humain, de « communautés hybrides »[9] pleines de sens, reposant sur un lien social émotionnel capable de « réenchanter le monde »[10].

DE L’ALIÉNATION À LA RÉSONNANCE

Le nouvel imaginaire collectif qui se déploie à l’époque moderne a donné lieu, suite aux développements techniques et technologiques élaborés au cours des siècles, au processus d’industrialisation porté par le capitalisme. Par le besoin jamais rassasié de confort et de sécurité, par la poursuite incessante du bonheur et le devoir de mener une « bonne vie », les acteurs de la modernité se sont peu à peu condamnés à subir des forces d’« accélération »[11] des plus aliénantes. Le rythme de vie effréné apposé par l’innovation technique voue les institutions traditionnelles, basées sur une fréquence de changement bien plus lente, à dépérir, induisant ainsi une perte de repères auprès d’individus dorénavant soumis à la dure loi de l’individualisme et de l’auto-réalisation, nouvelles normes atomisantes et culpabilisatrices. Si l’esprit de la modernité reposait à ses prémices sur les principes d’indépendance et de liberté, ceux-ci se voient aujourd’hui rudement balayés par la « main invisible » [12] du marché souhaitant façonner un « homme unidimensionnel »[13] aisément manipulable dans la société consumériste remplaçant les liens sociaux par des rapports économiques.

Cette aliénation de l’esprit et de l’identité, née d’une simple « construction sociale de la réalité »[14], repose, comme le décrit Rosa dans son ouvrage Résonance : une sociologie de la relation au monde[15], sur un principe de « relation sans relation »[16]. Il s’agit d’un mode d’appréhension du monde où les relations à l’autre et à l’environnement « ne nous disent plus rien, elles sont muettes et/ou menaçantes à notre égard »[17] car la communauté de semblables, jadis formée pour survivre, devient le terrain d’une compétition acharnée pour un bonheur socialement conceptualisé comme accessible par la détention d’un capital toujours plus grand… Un bilan glaçant mis en évidence par la série phénomène Squid Game : « Ils ont simplement été éliminés pour avoir enfreint les règles du jeu. Si vous suivez les règles, vous pouvez quitter cet endroit en toute sécurité avec l'argent que nous avons promis »[18]

Pourtant, si l’ordre hégémonique instauré prône la domination de l’humain sur toutes les autres espèces, s’il favorise la concurrence et détruit les liens de solidarité, il n’est, à ce jour, plus la seule voie envisagée. En effet, l’on voit s’élever, depuis maintenant une cinquantaine d’années, des consciences citoyennes en quête de résonance, de reliance, d’une relation au monde et aux autres qui fait sens, d’un principe de résilience et de bienveillance basé sur l’expérience, le respect et le partage (comme en témoigne, par exemple, l’essor des jardins partagés). Pendant que l’ordre officiel continue à gouverner notre société selon le schéma rassurant production/consommation, une « pensée complexe »[19]  prend peu à peu place dans le cœur de l’individu occidental renouant alors avec sa sensibilité originelle. À l’image des mouvements militants contemporains (tels que l’antispécisme), des « minorités actives »[20]  tentent tant bien que mal de réinsuffler du sens à un quotidien qui, régit par une raison utilitariste, s’est désencombré de tout principe éthique et de toute sensibilité. 

L’individu post-moderne prend peu à peu conscience de son désir de vivre selon une « raison ouverte »[21] qui conçoit l’irrationnel et approuve l’affect. Puisqu’il existe plusieurs dimensions au réel, qu’il n’y a pas de réalité une et unique mais plutôt un monde fait d’un « ensemble de réalités multiples »[22] ayant plus ou moins d’importance et de consistance selon les « actions réciproques »[23]  menées sur la base des intersubjectivités, une ouverture au monde est envisageable. L’acteur social d’aujourd’hui s’efforce, comme a su le démontrer Hélène Houdayer dans son ouvrage L’appel de l’environnement : sociologie des pratiques écologiques[24], de composer avec les paradoxes de son temps, d’accepter ses limites tout en alignant son « mode d’habiter »[25]  sur les valeurs qui composent sa nouvelle version du bonheur, un bien-être qui se construit par le biais de « relations responsives »[26] . « A la racine de l’expérience de résonance, il y a le cri du non-réconcilié et la souffrance de l’aliéné »[27] ; en quête d’interactions avec des êtres et un monde dont il s’est détaché, l’acteur de la post-modernité tente une réconciliation avec une réalité qu’il s’efforçait jusqu’alors de combattre, une réalité faite de résistance, d’expérience et d’affectivité.

L’individu social, comme l’indique le sociologue Michel Maffesoli, redevient peu à peu « une énigme ayant du mal à se penser »[28], un mystère qui conçoit que la vérité une n’existe pas, que rien « n’est jamais univoque », que tout est « toujours emporté dans l’affectivité »[29] et que la société de demain reste à bâtir. Si l’idéologie du progrès ne semble pas prête de s’arrêter, qu’elle persiste à intégrer ses détracteurs à son processus afin d’annihiler toutes formes de résistance, elle se retrouve néanmoins confrontée aux nouvelles exigences climatiques, exigences nées d’une urgence prise au sérieux par bon nombre d’individus élaborant alors de nouvelles conduites sociales puisant dans un tout autre imaginaire. C’est cette alerte environnementale qui a impulsé, il y a de cela une cinquantaine d’années, une remise en question de l’ordre hégémonique. Une candeur souterraine semble bel et bien vouloir se défaire du néo-obscurantisme imposé par la modernité et pourrait, un jour, venir à bout de ce système déracinant et fragmentant les individus jusqu’à la dépression.

ANTHROPOCENTRISME ET DIFFÉRENTIALISME

Un constat désarçonnant a été réalisé par des penseurs de notre époque tels que Philipe Descola : notre vision du monde s’organise autour d’une bipartition[30]. De la volonté de René Descartes de mieux appréhender notre environnement[31] est née cette fameuse pensée dualiste qui découpe afin d’étudier, qui pousse à la spécialisation pour une meilleure compréhension… Ceci aboutit à un non-sens généralisé puisque, finalement, plus rien n’est envisagé dans son ensemble, la réalité observée se retrouve dissoute dans l’analyse. En séparant la nature de la culture, l’individu occidental légitimise sa main mise sur le monde. Cette conceptualisation anthropocentrique lui vaut un déracinement profond, une perte de liens avec la nature qu’il s’engage à mettre à distance, avec les animaux non-humains qu’il associe à des êtres à sa disposition, avec lui-même car irrémédiablement composé de ces éléments qu’il renie. L’esprit moderne divise afin de mieux s’approprier les êtres et les choses. Ainsi, l’affectivité est soigneusement identifiée comme un obstacle au processus de rationalisation, une tare de la nature humaine à laquelle on préféra le pragmatisme, bien moins dangereux que le chaos et le désordre émanant des émotions.

Selon ce même « schème de la domination »[32] s’attachant à dénaturer une partie de l’humanité contenue dans l’animalité, des êtres humains sont eux-mêmes stigmatisés, discriminés pour leurs différences et leur non-appartenance au grand référentiel « valido-centré »[33]. Les personnes en situation de handicap sont affublées de jugements, condamnées à arpenter les marges d’une société à l’imaginaire collectif biaisé par un besoin aveugle de toucher au bonheur et des croyances imposées selon lesquelles celui-ci serait accessible par la « force de travail »[34] et, par conséquent, la « bonne santé ». Une partie de l’humanité se voit donc soumise à un différentialisme reposant sur une problématique de compétitivité et de rentabilité économique. Elle se retrouve vêtue d’« une déficience socialement construite »[35] par une idéologie du progrès qui identifie le corps de la personne en situation de handicap comme un corps « défaillant » car ne pouvant pas répondre aux attentes de la société ; un corps qui, par conséquent, « désocialise », place l’individu au sein d’un « environnement inhospitalier » et le condamne à une « liminalité sans fin »[36].

Puisque, selon la logique coercitive des faits sociaux révélée par la sociologie explicative d’Émile Durkheim, un individu « échouant » dans sa socialisation s’éloigne de la norme en vigueur et s’expose à l’exclusion sociale, les individus en « défaut d’intégration »[37] , tels que ceux atteints de handicap, sont classés anomiques par la société des « normaux »[38] . L’injonction subtilement imposée par la société étant la compétence et l’efficacité, alors le handicap « disqualifie »[39], il est « hors-normes » et menace l’ordre social. L’individu atteint de handicap est systématiquement affublé d’une « étiquette »[40] , sa différence jette sur lui un « discrédit »[41] et le prive du semblant de lien social qui relie un tant soit peu ses semblables entre eux. Cela fait des personnes handicapées – et de tous les autres types d’exclus – des « coupables » tout désignés lorsque la structure sociale est fragilisée (comme lors d’une crise économique par exemple) puisque la société actuelle ne sait faire autrement que désigner des responsables afin de dissiper ses tensions internes.

C’est selon cette théorie du « bouc émissaire », développée par René Girard[42], que les publics marginalisés, tels que les personnes atteintes de handicap, peuvent être envisagés en état de « vulnérabilité »[43]  : vulnérables car mis en première ligne de la responsabilité collective. Si l’on reprend la définition sociologique de ce terme élaborée par Danilo Martuccelli, la vulnérabilité est à envisager comme « une expérience humaine universelle », une valeur « d’exposition à », une affaire de contextualisation et de relationnel, l’un et l’autre assujettis à différentes représentations sociales[44]. En ce sens, ce concept est plus juste qu’aucun autre développé avant lui car mettant à égalité des individus jusqu’alors hiérarchisés par la pensée moderne. Il est une trouvaille permettant de réinjecter de l’homogénéité dans une société qui sépare et discrimine, une façon d’indiquer que la « défaillance » d’aujourd’hui n’est pas celle de demain, qu’elle ne dépend que d’une vision du monde.

En effet, selon la logique interactionniste mise au point par la sociologie compréhensive, la personne psychiquement et/ou physiquement différente est symboliquement reléguée par ses pairs à la dimension de l’étranger à éviter. Du fait de l’ambivalence qui la caractérise et qui rappel à la personne « saine » de corps et d’esprit la frontière fine la séparant elle-même du discrédit, le handicap est appréhendé par autrui comme un risque social nécessitant un « remaniement de soi »[45]  au sein de la collectivité. Selon Mary Douglas il se manifeste en fait un tabou originel dans l’inconscient des normaux à la vue des porteurs de stigmates : celui de la « souillure » [46]. La personne atteinte de handicap est assimilée à un « danger », soit parce qu’elle est en capacité de porter atteinte au corps, soit parce qu’elle est la manifestation d’une exclusion sociale contre laquelle il n’existe pas d’immunité, soit encore parce qu’elle est en mesure de couper les liens sociaux d’un individu normal du fait de sa dépendance… Le péril réside donc dans le fait de devenir soi-même inapte à suivre les injonctions sociales de performativité. Autant d’arguments provenant de l’imaginaire collectif pragmatique instauré par l’ordre néolibéral et condamnant logiquement le handicap à l’exclusion sociale

ÉQUITHÉRAPIE : PANSER ET REPENSER LA SOCIÉTÉ

La réflexion théorique menée précédemment nous permet d’envisager la post-modernité comme le siège d’une mutation sociale au niveau occidental, comme l’éveil d’un intérêt certain pour l’environnement habité. Cette contemporanéité concentre de multiples efforts de déstigmatisation sans réellement parvenir à contrer les référentiels apposés par l’ordre sociétal établi. Pourrait-on venir à bout de l’individualisme, du différentialisme et de l’anthropocentrisme en optant pour une nouvelle forme de lien social ? Serait-il possible d’élaborer une cohésion sociale défaite de toute discrimination par l’apprentissage d’un lien qui se voudrait empathique ? Ce pourrait-il que ce lien en question puise son origine dans nos rapports aux autres espèces animales ? La communication émotionnelle, les interactions humaines bienveillantes, rendues difficiles de par l’imposition de la concurrence par la modernité, pourraient-elles être réappréhendées par le biais d’espèces compagnes telles que le cheval ? Finalement, ne pourrait-on pas venir à bout des phénomènes de stigmatisation par un lien social retrouvé et réenchanté basé sur un principe de résonance ?

Autant de questionnements auxquels une étude immersive en cours, menée au cœur de centres de médiation équine de la région héraultaise, tente d’apporter un début de réponses. Cette enquête de nature ethnosociologique s’intéresse au potentiel socialisant de l’équithérapie suivie par des personnes en situation de handicap physique et/ou psychique, en s’en référant à la sociologie phénoménologique d’Alfred Schutz[47]. Il est important de noter le fait que cette étude a d’abord été axée sur l’analyse d’une forme d’effort d’intégration réalisée par des individus subissant involontairement une mise en marge de leur société de semblables. Loin de venir interroger l’ordre sociétal en vigueur, elle s’est d’abord attachée à répondre à la problématique suivante : « dans quelle mesure la relation empathique et intellectuelle établie avec le cheval lors d’une équithérapie influence-t-elle l’intégration de l’individu au corps social ? ». Par « relation empathique » est en fait sous-entendu le lien émotionnel et par « relation intellectuelle » les connaissances ontologiques de l’homme sur le cheval et la compréhension de ce premier par ce dernier.

L’hypothèse générale de cette étude consiste à supposer que la relation empathique et intellectuelle établie avec le cheval lors d’une équithérapie permettrait à un individu de combattre une situation d’exclusion et d’ainsi mieux s’intégrer au corps social. Afin de la rendre plus opérationnelle, elle a été découpé en trois sous-hypothèses, chacune axée sur l’un des trois acteurs mis en jeu : « le cheval, par son rôle de projection, permettrait à l’individu de prendre conscience de lui-même (stratégies, émotions) et de son environnement (réactions) » ; « le thérapeute, en tant que connaisseur de ses sujets (cheval et patient) et des attentes sociales, participerait à l’intégration d’un nouvel habitus chez l’individu stigmatisé » et enfin « le patient, par l’intermédiaire du cheval et de l’encadrement du thérapeute, adapterait son comportement aux réactions induites et modifierait ses rapports sociaux en conséquence ».

Notre réflexion repose donc sur trois axes théoriques majeurs. Tout d’abord, celui de l’exclusion sociale, vue précédemment, et selon lequel les personnes en situation de handicap sont constamment marginalisées de par les représentations symboliques des normaux et la logique de performativité régissant notre mode d’habiter. Ensuite, vient le positionnement du cheval dans notre société : celui-ci est à envisager comme « animal intermédiaire »[48] occupant une place toute particulière sur la scène sociale car, d’une part, aux côtés des hommes depuis des milliers d’années de par les différentes « fonctions » qu’il a su bravement occuper et parce que, d’autre part, il est sous-tendu par un « imaginaire hérité »[49]  à l’origine de réactions émotionnelles variées. Tout autant de caractéristiques permettant de considérer notre société comme hybride car abritant une espèce qui « déborde » sur l’humain[50], un animal tant capable de « renaturer » des individus dotés d’une « socialisation par excès » que de resocialiser des individus subissant une « socialisation par défaut »[51].

En effet, en se posant « en intermédiaire entre la nature et la culture »[52], le cheval peut s’envisager comme un médiateur avec un « moi profond »[53] qu’il nous serait possible de retrouver par le biais d’un exercice empathique. Le cheval, cet être non-jugeant sachant réfléchir notre propre conception de nous-même, pourrait donc permettre à un individu stigmatisé de revenir aux fondements de son identité afin de se défaire de « l’imposition de statut »[54] qu’il subit, et d’envisager de nouvelles interactions non plus basées sur une mise en scène[55] qu’il n’est pas en mesure de contrôler mais sur une profondeur propre à chaque être vivant. Enfin, le troisième axe de réflexion est celui de la redéfinition identitaire par l’exercice équithérapeutique : le cheminement théorique réalisé vise à supposer que le cheval, par sa capacité à révéler un individu à lui-même, pour ce qu’il est, en dehors de tout « masque social »[56], serait en mesure de déconstruire le stigmate élaboré par la société et que l’équithérapeute, en se posant comme médiateur entre les deux espèces, pourrait aider l’individu à se construire en tant que nouvel acteur social en dehors de toute référence à son handicap. Le rôle d’un individu « valide » intégré à la société est donc à envisager comme essentiel à la bonne réalisation de ce phénomène de socialisation.

Bien que cette base théorique permette d’élaborer un certain mode d’appréhension du terrain investigué, elle est aussi le moyen de s’interroger sur les paradoxes contenus dans une telle réflexion. En effet, tandis que nous envisageons la médiation équine comme une source de bienfaits identitaires permettant à un individu de reprendre le contrôle de son « idéal du moi »[57] en touchant à une sensibilité commune à tous les êtres vivants, nous plaçons au cœur de notre étude un soin médicalisé (non officiellement reconnu, certes, mais tout de même porteur de cette dimension) faisant intervenir le terme de « thérapie ». Ce dernier, en renvoyant à un traitement médicalisé prescrit à un « malade » par un professionnel de santé, vient pointer du doigt le problème précédemment énoncé : la différence doit-elle être considérée comme un « risque » social devant être « géré », comme promulgué par la pensée moderne, ou doit-elle être incorporée à un tout homogène sensible loin de la classification arbitraire et utilitariste de nos sociétés modernes ?

Une méthodologie de terrain a donc été précautionneusement élaborée, sans jamais perdre de vue ce paradoxe recensé. Alors qu’une ambition de travail très stricte a d’abord été envisagée, à la manière de la sociologie explicative de Durkheim cherchant quelque peu à découper le réel étudié pour mieux en extraire des lois universelles, un glissement qualitatif s’est opéré au fil de la première phase immersive. Nous avons davantage dirigé notre intérêt vers les expériences et les ressentis des individus, preuve de la nature sensible de l’objet étudié et de l’importance de ne pas transfigurer le réel. Les premiers pas dans la dimension empirique de la recherche viennent donc, eux aussi, attester du penchant interactionniste que nos questionnements laissent émerger. Sur les pas de Schutz[58], il s’agit d’appréhender la réalité étudiée par la description intensive de ce qui se donne à voir, d’exercer notre sensibilité intellectuelle, de s’immerger dans la réalité émotionnelle de l’univers de la médiation en s’en référant à l’intuition et en n’hésitant pas à user de la « réduction phénoménologique » afin de tenter d’accéder à l’essence du phénomène observé sans faire intervenir « l’approche naturelle »[59].

Des entretiens téléphoniques semi-directifs ont premièrement été réalisés avec quatre équithérapeutes (ainsi qu’un entretien libre avec un zoothérapeute) dans cinq centres répartis tant dans l’Hérault que le Tarn. Un questionnaire a ensuite été distribué numériquement à tous les équithérapeutes interrogés se devant de le redistribuer, puis en format papier aux personnes observées. Quelques entretiens semi-directifs avec des patients ont été réalisés post-séance de médiation avec essentiellement des individus malvoyants et/ou des accompagnants. Des observations directes, participantes et non-participantes, se sont déroulées dans deux centres à la dominante d’activité différente : L’Élevage de Chance (Mudaison) davantage dans une ambiance familiale, thérapeutique et éthologique et Equi-P Domaine Équestre (Plaissan, Hérault, Occitanie) proposant plutôt de l’équitation classique tout en ayant tourné son activité et ses infrastructures vers de la médiation équine. Quatre séances d’équithérapie, individuelles et collectives, pour l’autisme, la malvoyance et le polyhandicap, ont été observées dans ces centres ainsi que deux séances d’équitation adaptée, à l’autisme et à la malvoyance, à L’Élevage de Chance. Des propositions de dessin, à la consigne portant sur l’intégration sociale de l’individu, ont été incorporées à l’étude afin d’évaluer la réceptivité des individus à la méthode de l’AT9[60] qui pourrait venir pallier les difficultés d’expression directe rencontrées dans le cas de certains handicaps en faisant directement appel aux représentations sociales des individus.

Suite à une analyse des données qualitatives par trie à plat et trie croisé, il est possible d’avancer (sous condition de vérifications plus poussées) qu’afin que la relation établie avec le cheval, lors d’une équithérapie, permette à un individu stigmatisé de combattre sa situation d’exclusion, le thérapeute doit être en mesure de réaliser une médiation inter-espèces efficace, ce qui signifie qu’il doit être conscient des caractéristiques et des états-mentaux des deux êtres qu’il tente de mettre en lien. Plus que sur des qualifications, cette médiation inter-espèces semble avant tout reposer sur les aptitudes sensibles du thérapeute. De plus, établir une réelle poursuite du phénomène socialisant enclenché en séance dans la vie quotidienne de l’individu, par des images-mentales qui font le lien par exemple, parait essentiel. Sinon (mais ceci reste à l’état d’hypothèse non-vérifiée) la potentielle socialité élaborée durant la séance peut avoir pour effet de s’évaporer dès la sortie des lieux. Par conséquent, en ce qui concerne le patient, un remaniement de soi visant à revaloriser l’idéal du moi semble absolument nécessaire à la réévaluation de sa place sociale. L’équithérapie bien menée semble permettre à un individu de se sortir de sa condition d'enfermement psychique et/ou physique en dépassant les catégorisations imposées ou les difficultés liées au handicap et en l’incitant à aller au-devant de la scène sociale.

À noter que cette tendance à la création de lien social semble fortement dépendre du degré de sensibilité du patient vis-à-vis de l’animal et de ce qu’il lui apporte. Or cette sensibilité n’est pas évidente et nécessite : une médiation appuyée de la part de l’équithérapeute, un cheval patient et écouté ainsi que des aidants facilitant la mise en contact des individus avec le cheval (acteurs qu’il est essentiel d’ajouter à l’étude). Ces prédispositions de la part du thérapeute et du patient semblent être les conditions nécessaires à la part effective du cheval, soit de mener l’individu à prendre conscience de lui-même et de son environnement par un effet de projection. Cependant, l’animal doit lui-même être sensible au handicap porté par l’individu afin d’être patient et réceptif. Un cheval nerveux ne permettra pas à l’individu de se retrouver et donc d’aller vers un au-delà de lui-même et du stigmate puisque le cheval, en tant que compagnon de l’homme capable d’ajuster son comportement à ce dernier, se doit aussi d’être considéré afin qu’un lien affectif puisse être tissé[61]. Par conséquent, si et seulement si thérapeute, patient et cheval s’alignent dans une relation d’écoute et de respect, l’échange empathique établie avec le cheval lors d’une équithérapie est en mesure de permettre au patient d’accéder à une conscience de lui-même puis de l’autre.

Donc, en ce qui concerne la réponse à la problématique, celle-ci reste partielle : « la relation empathique établie avec le cheval lors d’une équithérapie influence l’intégration de l’individu au corps social dans la mesure où le cheval sensible au handicap, accompagné d’un thérapeute agissant comme médiateur sensible entre les deux espèces, permet à l’individu lui-même sensible au cheval de se projeter et de dépasser sa condition d’exclusion. En effet, rien n’a été développé concernant la part intellectuelle (et donc pragmatique) de la relation homme-cheval et ceci délibérément, dans une volonté de neutraliser le paradoxe précédemment énoncé assimilant cette pratique sensible à un soin correctif appliqué à des individus « inefficients »[62].

CONCLUSION

Comme nous avons pu le constater, l’étude menée sur ce trio équithérapeutique (avec une ouverture sur le quatuor) nous permet d’apporter une réponse partielle à notre problématique de départ. L’enquête élaborée n’autorise à parler que d’une « certaine intégration » puisque les résultats de socialisation constatés ne valent que pour le lieu où s’effectue la médiation. Il sera bien plus concluant de poursuivre la recherche, de l’étendre et de constater si cette fabrication de lien social, initiée lors de la séance, se poursuit dans la vie quotidienne de l’individu. Nous serons alors plus à même de nous positionner quant à l’impact réel de la relation empathique. D’autre part, pour ce qui est de la relation intellectuelle, un terrain reste à explorer, mais est-il réellement souhaitable ? Cette étude atteste de l’importance du sensible dans les relations humaines, de la porosité, de la « contagion émotionnelle »[63] à l’œuvre entre les acteurs en tout genre. Si mettre en résonnance différentes espèces est une chose difficilement réalisable du fait de la conception très pragmatique et utilitariste de nos sociétés occidentales gouvernées par une pensée rationnelle, prescrire une démarche intellectuelle supposant que : « le cheval lors d’une équithérapie pourrait influencer l’intégration de l’individu au corps social dans la mesure où, parce qu’il serait appuyé par un thérapeute connaisseur des deux espèces et poursuivant un but de socialisation, il permettrait à un individu, conscient de devoir se détacher de son image, de se sortir de sa condition d’exclusion par un effet de projection et de dépassement », n’est-ce pas aller à l’encontre même de la dimension empathique présentée plus tôt ?

Une telle initiative en viendrait à nous éloigner de l’exercice de la raison sensible présent dans la médiation équine, à concentrer notre attention sur des méthodes médicalisées et ainsi à continuer à envisager le handicap, et donc la différence, comme un trouble à l’ordre social devant être corrigé et non pas compris et accepté. Car là est le problème, dans la compréhension de l’autre, de l’étranger. Comme le défend Alain Blanc dans son ouvrage Sociologie du handicap[64], si « l’empire du soin guette le traitement du handicap »[65] c’est avant tout parce que l’on ne sait pas, dans notre agencement du monde valido-centré, composer avec la différence, que l’on ne sait pas faire société avec des interactions de différents types pour la simple et bonne raison que la majorité des normaux ne jouit pas d’une culture concernant le handicap. La communauté d’humains s’en retrouve ainsi scindée, utilisant des répertoires spécifiques imperméables à l’un ou à l’autre des partis. Tandis que l’empathie, par sa capacité à dépasser des différences de taille (telles que celle des espèces), semble être une alternative viable à l’individualisme classificatoire, l’esprit pragmatique et médicalisé ne paraît être qu’une énième tentative de faire entrer dans un moule une forme qui ne pourra jamais réellement y trouver sa place.

En intégrant les résultats de ces premiers balbutiements de recherche à la réflexion préalablement initiée, dans l’axe sensible qui nous intéresse, l’on se rend compte de l’immensité du terrain restant encore à explorer. En œuvrant pour une sociologie interspécifique, nous faisons de notre démarche force de proposition : le défi de notre temps est de proposer un nouveau paradigme, une nouvelle représentation de l’environnement et des autres, une alternative sociale qui permettra à tous les acteurs de dessiner les lignes de la post-modernité qu’ils souhaitent composer. Si l’individu moderne est désenchanté et déraciné, s’il ne sait plus réellement interagir avec ses semblables et voit ses perspectives d’avenir en société menacées par le phénomène d’accélération, il n’en est pour autant pas réduit à sa condition. Notre étude n’est que le simple reflet de la manifestation d’une quête quotidienne d’enchantement, d’une recherche de cohésion sociale de plus en plus imaginée sous le prisme d’un élargissement du panel d’acteurs sociaux à des non-humains.

Cette recherche permet de mettre l’accent sur une préoccupation sociétale majeure et ouvre la voie à des études diversifiées concernant le lien inter-espèces et la régénérescence du lien social. En considérant, à la manière de Peter Ludwig Berger et Thomas Luckmann[66], que la réalité n’est qu’une vue de l’esprit, cette étude s’emploie à analyser et à accompagner un changement social vital se dessinant au loin : la potentielle fondation d’un ordre sociétal éco-centré valorisant la part a-rationnelle et affective contenue dans les relations humaines et inter-espèces. Elle et ses poursuites, en interrogeant notre mode d’habiter, viennent s’inscrire dans le cadre disciplinaire contemporain des « humanités environnementales »[67]. Si, bien sûr, cette perspective « écosophique »[68] est loin d’être la seule appréhendée par les penseurs, elle reste un choix envisageable, une alternative proposée par les individus eux-mêmes au travers de leurs pratiques et de leurs nouvelles conduites sociales (activités de plein air, véganisme, agriculture biologique, sauvetages animaliers, espèces et espaces protégées…). Autant de manifestations pouvant être perçues comme de simples tendances capitalistes éphémères, que comme de réelles tentatives de conservation d’une résonance contenue dans l’altérité, finalement jamais radicale[69].

Cette réflexion initialement basée sur le handicap et sa place dans notre société s’étend donc bien plus loin. En effet, elle en vient à prolonger notre attention sur les valides au même titre que les personnes en situation de handicap, elle nous amène à nous demander dans quelle mesure ces premiers résultats obtenus pourraient attester de la capacité d’individus humains et non-humains, en situation de handicap ou non, à interagir sur la base d’un processus sensible commun. Ce papier s’inscrit donc dans l’étude de la naissance d’un possible nouveau contrat social post-moderne, non plus démocratique ou capitaliste mais écosophique. Afin de juger de la véracité d’une telle supposition, il s’agirait de renouveler ces travaux initiés au contact du handicap en redoublant d’intérêt pour la déconstruction du stigmate par revalorisation identitaire et réappropriation des interactions avec l’environnement (toujours par le biais de l’équithérapie et de l’équitation adaptée), avant d’élargir le domaine d’exploration aux normaux et à leurs ambitions de rupture avec l’aliénation au monde par une volonté de résonance retrouvée et réappliquée au monde social  (notamment par le biais du loisir équestre et de l’équicoaching). Finalement, la vraie question est la suivante : peut-on panser l’humanité désenchantée en pensant un lien social inter-espèces ?

Bibliographie

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FILMOGRAPHIE

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[1] DURKHEIM É., De la division du travail social, Paris, PUF, 2004 (1893).

[2] WEBER M., L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 2004 (1904-1905).

[3] ROSA H., Résonance : une sociologie de la relation au monde, Paris, La Découverte, 2018.

[4] ROSA H., Accélération : une critique sociale du temps, Paris, La Découverte, 2010.

[5] ROSA H., Résonance, op. cit.

[6] BOLLE-DE-BAL M., La tentation communautaire : les paradoxes de la reliance et de la contre-culture, Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, 1985.

[7] MICHALON J., Panser avec les animaux : sociologie du soin par le contact animalier, Paris, Presses des Mines, 2014.

[8] HARAWAY D., Manifeste des espèces compagnes : chiens, humains et autres partenaires, Paris, Climats, 2019.

[9] LESTEL D., L'animalité : essai sur le statut de l'humain, Paris, Hatier, 1996.

[10] MAFFESOLI M., Le réenchantement du monde. Une éthique pour notre temps, Paris, La Table Ronde, 2007.

[11] ROSA H., Accélération, op. cit.

[12] SMITH A., Théorie des sentiments moraux, Paris, PUF, 1999 (1759).

[13] MARCUSE H., L'homme unidimensionnel : essai sur l'idéologie de la société industrielle avancée, Paris, Les Editions de Minuit, 1968 (1964).

[14] BERGER P. et LUCKMANN Th., La construction sociale de la réalité, Paris, Armand Colin, 2012 (1966).

[15]  ROSA H., Accélération, op. cit.

[16] Idem., p. 204

[17] Ibidem.

[18] HWANG D-H., Squid Game, Corée du Sud. prod. « Siren Pictures Inc. », 2021.

[19] MORIN E., Science avec conscience, Paris, Fayard, 1996 (1982).

[20] MOSCOVICI S., Psychologie des minorités actives, Paris, PUF, 1996 (1979).

[21] MORIN E., Science avec conscience, op. cit.

[22] BERGER P. et LUCKMANN Th., La construction sociale de la réalité, op. cit., p. 68.

[23] SIMMEL G., Sociologie : étude sur les formes de la socialisation, Paris, PUF, 1999 (1908).

[24] HOUDAYER H., L'appel de l'environnement : sociologie des pratiques écologiques, Montpellier, Presses Universitaires de la Méditerranée, 2014.

[25] Voir MATHIEU N., « La campagne renvoie à la solidarité et à une image de dignité » Le Monde, avril 1996.

[26] ROSA H., Résonance, op. cit.

[27] Idem., p. 215.

[29] LE BRETON D., L'interactionnisme symbolique, Paris, PUF, 2008 (2004), p. 52.

[30] DESCOLA Ph., Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2015 (2005).

[31] DESCARTES R., Discours de la méthode, Paris, Flammarion, 2020 (1637).

[32] PELLUCHON C., Les lumières à l'âge du vivant, Paris, Éditions du Seuil, 2021.

[33] BLANC A., Sociologie du handicap, Paris, Dunod, 2015 (2012).

[34] MARX K., Le capital, Paris, République des Lettres, 2020 (1867).

[35] BLANC A., Sociologie du handicap, op. cit., p.105.

[36] Idem., p. 65.

[37] DURKHEIM É., Le suicide : étude de sociologie, Paris, PUF, 2013 (1897).     

[38] GOFFMAN E., Stigmate. Les usages sociaux du handicap, Paris, Les Éditions de Minuit, 1975 (1963).

[39] PAUGAM S., La disqualification sociale : essai sur la nouvelle pauvreté, Paris, PUF, 2013 (1991).

[40] En référence à la « théorie de l’étiquettage » développée par Howard Becker dans Outsiders : étude de sociologie de la déviance, Paris, Éditions Métailié, 2020 (1963).

[41]  GOFFMAN E., op. cit.

[42] GIRARD R., Le bouc émissaire, Paris, Grasset, 1982.

[43] BRODIEZ-DOLINO A. (dir.), Vulnérabilités sanitaires et sociales. De l'histoire à la sociologie, Rennes, PUR, 2014.

[44] Définition présentée par Danilo Martuccelli dans Vulnérabilités sanitaires et sociales. De l'histoire à la sociologie, BRODIEZ-DOLINO A. (dir.), op. cit., p. 28.

[45] LE BRETON D., L'interactionnisme symbolique, op. cit.

[46] DOUGLAS M., De la souillure : essais sur les notions de pollution et de tabou, Paris, La Découverte, 1966.

[47] SCHUTZ A., Le chercheur et le quotidien : phénoménologie des sciences sociales, Paris, Meridiens-Klincksieck, 2008 (1987).

[48] DIGARD J-P., Les français et leurs animaux : ethnologie d'un phénomène de société, Paris, Hachette Littérature, 2005 (1999).

[49] HOUDAYER H., Le cheval dans tous ses états : le bien-être équin en question, Limoges, Lavauzelle, 2021.

[50] La notion de « débordement » est notamment employée par Dominique Lestel au cours de l’entretien dirigé par Jean Estebanez « Penser les communautés hybrides : Entretien avec Dominique Lestel », Carnets de Géographie, no 5, janvier 2013.

[51] DURKHEIM É., Le suicide, op. cit.

[52] HOUDAYER H., «Réception et imaginaire du cheval », Revue des Sciences Sociales 51, no 54 (2015), p. 116-123, p. 119

[53] FREUD S., Pour introduire le narcissisme, Paris, Éditions In Press, 2013 (1914).

[54] LE BRETON D., L'interactionnisme symbolique, op. cit.

[55] GOFFMAN E., La mise en scène de la vie quotidienne, Paris, Les Éditions de Minuit, 1973 (1956).

[56] Ibidem.

[57] FREUD S., Pour introduire le narcissisme, op. cit.

[58] SCHUTZ A., Le chercheur et le quotidien, op. cit.

[59] HUSSERL E., Idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie phénoménologique, Paris, Gallimard, 2018 (1913).

[60] Méthode présentée par Yves Durand dans L'exploitation de l'imaginaire. Introduction à la modélisation des univers mythiques, en référence à la pensée de Gilbert Durand. Il s’agirait ici de reprendre cette méthode en l’adaptant au contexte de l’étude (changer les archétypes).

[61] HARAWAY D., Manifeste des espèces compagnes, op. cit.

[62] BLANC A., Sociologie du handicap, op. cit.

[63] HAAG Ch., La contagion émotionnelle, Paris, Albin Michel, 2019.

[64] BLANC A., Sociologie du handicap, op. cit.

[65] Idem., p. 104.

[66] BERGER P. et LUCKMANN Th., La construction sociale de la réalité, op. cit.

[67] CHONE A. (dir.), Guide des humanités environnementales, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires de Septentrion, 2016.

[68] NAESS A., Une écosophie pour la vie : introduction à l'écologie profonde, Paris, Points, 2020.

[69] En référence au concept d’« altérité radicale » introduit par Jean Baudrillard dans Figures de l'altérité, Paris, Éditions Descartes, 1992.

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